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Mac : Comment changer le dossier de destination des screenshots, et les passer en JPG

28 janvier 2022
screenshot mac dossier jpg

Note pour moi-même :

Comment changer le dossier de destination des screenshots sur Mac :

Commande dans terminal, l’espace après « location » doit être inclus, pas les guillemets:

« defaults write com.apple.screencapture location « 

-copier-coller la commande et drad-and-drop le dossier dans la fenêtre. Enter.

 

Comment changer l’extension des screenshots de PNG à JPG sur Mac :

Commande dans terminal :

defaults write com.apple.screencapture type jpg;killall SystemUIServer

Enter.

Life Mum

Non, nous n’avorterons pas de notre enfant s’il est trisomique. Attentes, réflexions, amour…

4 septembre 2021
NIPT dépistage prénatal non invasif ADN fœtal

Avant de s’échauder pour rien, j’aimerais préciser que cet article n’est pas un pamphlet contre l’IVG, que je supporte à 200% par ailleurs. Je le différencie de l’avortement d’un fœtus de 3-4 mois pour « défaut de fabrication ».


Il y a quelques jours, je reçois un message de mon GP (General Practitioner) sur mon répondeur, c’est très inhabituel. Je sens d’avance ce qu’elle va me dire et j’avais raison :

Hi Laura,

Désolée de ne pas t’avoir en direct mais j’ai essayé de t’appeler 2 fois et je tombe sur ton répondeur.

Je t’appelle pour te dire que j’ai reçu tes résultats de dépistage du 1er trimestre et qu’ils montrent que le risque que ton bébé ait le syndrome de Down est de 1:300. Bien que cela soit considéré comme un risque plus élevé que la normale, cela ne signifie pas que ton bébé soit forcément atteint de trisomie 21, mais simplement qu’un test supplémentaire est recommandé.

J’ai pris la liberté de te référer à l’équipe obstétrique de Wellington hospital. Appelle-moi si tu as des questions.

En effet, 2 semaines avant, j’avais opté pour le dépistage offert durant la 2ème échographie à 13 semaines de grossesse. Cela impliquait des mesures prises au niveau de la nuque du bébé (clarté nucale), couplée à une prise de sang, et des données sur ma personne (âge, mode de vie etc). Tout cela serait analysé par un algorithme qui pondrait un chiffre.

Je suis en super santé, non fumeuse, tout normal, mais il s’est avéré que mon âge, 37 ans, et 0,1mm de trop à la clarté nucale aient joué sur le résultat : 1:300. Ce qui signifie que j’ai 1 chance sur 300 de porter un enfant atteint de trisomie 21.

J’étais un peu choquée, mais surtout parce que faire des tests supplémentaires et attendre encore m’ennuyaient profondément. J’étais enceinte de presque 4 mois et nous ne l’avions encore dit à personne car nous attendions que tous les tests soient finis. Je l’ai annoncé à mon homme, et finalement, j’ai éclaté en sanglots en lui disant que j’aimais déjà notre enfant et que je ne voulais pas réfléchir à tout ça. Nous étions alignés là-dessus.

Je me suis vite ressaisie, je dois dire que le trouble ne dure jamais bien longtemps chez moi. Et ma force a repris le dessus.

Les jours suivants, je n’ai pas pu m’empêcher de me renseigner et de lire sur le sujet. Ça n’a pas trop changé mon quotidien qui est rempli de lecture sur tous les sujets qui m’intriguent. Puis je suis redevenue zen assez vite.

 

Ce matin, j’ai été faire le test non-invasif « NIPT » , dépistage prénatal non invasif (ADN fœtal) de la trisomie

Nous avons attendu 2 semaines avant le RDV pour ce test, et ce fût assez pénible. Mais cela valait le coup.

J’ai eu beaucoup de chance car en Nouvelle-Zélande, il y a une alternative à l’amniocentèse et au CVS qui sont invasifs. Il s’agit d’une nouvelle méthode fiable à plus de 99%, par simple analyse de l’ADN dans le sang, et elle est maintenant 100% gratuite en Nouvelle-Zélande pour les femmes à risque (sinon elle coûte $500-700).

J’ai demandé à mon homme de venir, un peu coupable de le mettre en retard pour une simple de prise de sang, mais finalement, mon feeling a été bon car c’était aussi un RDV informatif important. Nous avons été super bien reçus, par une sage-femme de la « maternal fetal medicine ». Elle a pris un quart d’heure pour nous donner toutes les informations sur ce test.

Vous pouvez voir le feuillet d’information ici (en anglais) :

NIPT dépistage prénatal non invasif ADN fœtal

NIPT dépistage prénatal non invasif ADN fœtal – PDF

Nous avons appris que ce test sanguin donne aussi le sexe du bébé, mais nous préférons le savoir à l’échographie. Après ses explications, elle m’a demandé mon consentement signé pour le test, en effet mon ADN et celui du bébé (présent dans mon sang) vont être envoyés en Australie pour analyse. C’est un peu complexe plus qu’une prise de sang normale.

Nous avons été un peu remués par ce RDV. Statistiquement, les chances restent faibles, mais c’est le fait de se retrouver dans une salle, en face de quelqu’un, pour évoquer la trisomie (ou tout autre problème de santé d’ailleurs) qui est désagréable. On aimerait juste que ça roule et basta !

Après la prise de sang, nous sommes descendus dans l’immense rez-de-chaussée de l’hôpital, où quelqu’un jouait tout un tas de mélodies sur un piano à queue mis à disposition. Nous avons pris un petit-déj et un café dans le hall.

 

Fausses idées persistantes sur la trisomie 21

Nous en avions déjà parlé bien avant ma grossesse, faire partie des 95% de personnes qui avortent de leur enfant trisomique, on est pas bien chaud. Faire partie des 99% de parents d’enfants trisomiques heureux de l’être et des 88% qui disent que cet enfant a amélioré leur vie, beaucoup plus.

Nous avons eu tous les deux la chance de rencontrer des personnes atteintes de trisomie 21 lorsque nous étions enfants, et nous en gardons un bon souvenir, qui nous a bien gardé de développer des préjugés ignorants. En effet, cela fait à peine une dizaine d’années, que grâce aux témoignages et à Internet, on a accès à des informations qui nous montrent à quel point les personnes trisomiques sont capables, et étaient juste mise de côté et/ou abandonnées émotionnellement, et ça, depuis des siècles.

On découvre aujourd’hui seulement de quoi ils sont capables, cinéma, sport haut niveau, commerce, musique… Cela fait quelques années seulement que les parents se lancent et s’investissent de plus en plus dans l’éducation bienveillante, alors qu’il y a encore 50 ans, on était nourris et élevés assez passivement.

Je trouve le manque d’intérêt pour les formes alternatives d’intelligence vraiment dommage, que l’on parle de « handicaps » ou non. Beaucoup de personnes génétiquement « normales » ne trouvent pas leur place dans la société parce qu’on ne leur fait pas de place.

einstein citation genie poisson arbre education systeme

On est OK pour reconnaître que l’autisme a révélé de nombreux génies, mais les personnes atteintes de trisomie dérangent encore trop pour qu’on leur donne de la visibilité. Et cela parce que la plupart des gens se foutent de qui vous êtes à l’intérieur du moment que vous rentrez dans le lot niveau apparence.

 

 

En Nouvelle-Zélande, on peut lire un article sur Rachel et sa fille Eden. Et ces quelques lignes, résument tellement de choses :

Rachel Price a appris qu’Eden était trisomique à sa naissance.

« Je me souviens distinctement de cette conversation quand elle s’est produite et je me souviens de ce changement pour nous », a-t-elle déclaré.

« Parce que nous étions si excités et si ravis, et puis tout d’un coup, toutes nos attentes et nos espoirs ont été arrachés sous nous. »

Rachel dit qu’elle n’a surmonté le choc que parce qu’elle connaissait un adulte trisomique, qui a apaisé ses craintes.

Maintenant, elle a une écolière confiante de 12 ans, qui, comme beaucoup de ses amis, envisage de devenir une star de YouTube.

Le choc, la destruction des idées qu’on se construisait… beaucoup ne vont pas au-delà.

Le fait de connaître une personne trisomique semble changer la donne. On passe du schéma choc-peur-annulation à choc-peur-surmonter la peur-réalisme, et la vie continue.

On dit que la peur nous fait prendre les mauvaises décisions et passer à côté de maints bonheurs.

« Je regarde toujours avec joie les reportages sur les personnes atteintes du syndrome de Down qui se marient et je m’attends à ce qu’Eden ait de l’amour, elle quittera la maison – parce que nous la ferons, nous avons en quelque sorte fixé une limite de temps. , 25 ans et nous allons la pousser hors du nid. »

 

Pas besoin d’être atteint de trisomie pour souffrir des mêmes maux

Je connais personnellement des personnes qui étaient des bébés dit normaux, sans aucun problème, et qui ont développé de grands retards intellectuels et moteurs à cause de la négligence de leurs parents et d’un environnement malsain.

Cela me mène aussi à constater qu’on peut être une personne « normale », même venant d’un environnement assez sain, et ne pas être épargné par : le retard intellectuel, la lenteur d’apprentissage, la codépendance, la durée de vie plus courte, les problèmes de santé graves, le rejet des autres à l’école, les difficultés à trouver l’amour, les difficultés à être heureux, le fait de souffrir en se comparant aux autres, le fait d’avoir accès à tout mais de ne rien faire par inertie, l’inaptitude à gérer ses émotions, à devenir un être libre et indépendant. Ce genre de choses, je les vois régulièrement chez des gens en parfaite santé physique et mentale.

Nous connaissons nous-même tellement de personnes parfaitement « normales » qui ne savent pas aimer, se faire aime, respecter, se faire respecter, apprendre, comprendre, évoluer, se remettre en question, et qui vivent des vies de merde (selon leurs dires). Bref, des personnes dont les personnes atteintes de trisomie 21 n’ont vraiment rien à envier, sans exagérer.

La pire chose que j’ai pu entendre de ma vie, venant de spécimen pas très intelligents mais répandus est « ça ne vaut pas le coup de vivre si on ne peut pas faire d’enfants »… Confier des décisions et des enfants à ce genre de personnes, ça fait peur non ? Cela montre, selon moi, pourquoi les personnes trisomiques sont si incomprises et indésirables : c’est parce que les gens transfèrent leurs propres désirs et visions du bonheur sur les autres. Ils n’imaginent pas que quelqu’un qui n’a pas ce qu’eux désirent, puisse être heureux.

Je ne pense que le fait que notre enfant soit « sain » génétiquement ou non, lui épargnera ou non les souffrances de la vie communes à tous. Tous ont le droit à une chance. Et, la majorité des personnes trisomiques se disent heureuses de vivre.

 

« On offrira bientôt aux parents le rêve d’un enfant configuré à la carte »

Si tu veux quelque chose pire que Black Mirror pour déprimer, tu peux essayer cet article qui reprendre les lignes d’un texte titré «Eugénisme 2.0» par le Dr Alexandre, dans Le Monde.

Le surpeuplement de la planète par des gens soi-disant évolués, découlant déjà d’une amélioration des naissances, se passe putain de mal ne me semble pas une réussite. Je reste donc sceptique à toute possibilité de nous faire nous reproduire de façon qualitative.

 

De notre côté

De notre côté, nous sommes des moutons noirs assumés, heureux et épanouis. Nous nous sommes prouvés que nous ne manquions pas de courage et que nous nous intéressions plus à la vraie essence des choses, qu’à leurs apparences. Mais surtout, les challenges ne nous font pas peur. Les challenges, on en mange au petit-déj depuis un bout de temps, en se disant quand même qu’on aimerait bien se reposer, mais au final, c’est devenu notre façon de vivre. Et la récompense à toujours été énorme.

Honnêtement… vu les spécimens de gens malsains, manipulateurs, au QI émotionnel inexistant qui foirent leur vie et ont voulu foirer la mienne, ce challenge-là ne me fait pas peur.

Nous avons décidé de fonder une famille pour multiplier notre amour, et certainement pas parce que nous fantasmions le fait d’avoir une famille comme ceci ou comme cela. Avoir un enfant trisomique n’ébrèche que les visions plutôt narcissiques dans lesquelles nous avons pu nous égarer quelques instants, et cela nous rappelle justement à quel point ça ne valait rien. À quel point nous ne sommes pas comme ça.

Nous savons que les personnes atteintes de trisomie 21 ont une vision du monde qui leur appartient bien plus que la plupart des personnes, et cela nous fait un point commun avec eux. Nous voyons cet enfant potentiel comme une lumière dans un triste monde de clones abrutis par leurs désirs et frustrations, nous le voyons comme un véritable cadeau.

Avoir un enfant trisomique prend plus de temps ? Je comptais en consacrer autant à notre enfant non-trisomique.

 

Ça, c’était pour la façon ça nous affecterait nous. Mais qu’en est-il de lui ?

C’est la question qui nous travaille le plus. De notre côté, tout challenge est gérable, cela ne veut pas dire que pour lui, cela le sera. Il faut prendre beaucoup d’informations, comme par exemple, savoir que 50% des personnes trisomiques vont avoir une malformation du cœur ou des intestins qui nécessitera une opération. Ce genre d’infos-là. Mais, ça reste « technique ».

Nous, ce qui nous inquiète, c’est la Liberté de notre enfant. Nous ne sommes pas le genre de personnes qui veulent des enfants pour vieillir entourés et accompagnés. Nous pensons que bien élever des enfants, c’est leur apprendre à ne plus avoir besoin de nous, de considérer la relation avec eux comme un privilège, et surtout de leur offrir / transmettre ce que nous pensons être le plus beau cadeau de la vie, la Liberté, que nous avons nous-même prise et croquer à pleines dents pour devenir, je vous l’assure, les gens parmi les plus heureux et reconnaissants du monde. C’est ce que nous souhaitons le plus au monde pour nos futurs enfants, et nous avons peur que cette liberté et indépendance ne soit pas possible pour un enfant trisomique. De devoir lui dire qu’il ne peut pas faire le tour du monde en bateau seul, sachant que son degré de trisomie ne le lui permet pas. Ce n’est qu’un exemple.

C’est la seule chose qui nous inquiète vraiment, car nous trouvons que c’est la plus belle chose à transmettre dans le fait de donner la vie. Mais, l’univers et la vie regorgeant de mystères, nous avons peut-être d’autres vérités à découvrir. Pour répondre à cette question, pour aller plus loin dans notre réflexion du moins, nous aurons besoin de discuter avec d’autres parents, s’il s’avère que notre enfant est confirmé trisomique 21.

 

Conclusion : on attend le résultat paisiblement

Dans l’heure qui a suivi ce RDV, nous en avons discuté, non sans difficulté, toujours par peur de trop chambouler l’autre. Puis nous nous sommes rendu compte que nous étions sur la même longueur d’onde et cela a été un soulagement. Nous avons passé une belle journée ensoleillée, pleine d’amour, à travailler depuis la maison, avec nos deux adorables chats, en étant impatient de rencontrer notre Little One, quelque il soit.

La Trisomie n’est pas la différence la plus importante avec laquelle un enfant peut naître. C’en est simplement une qui dépistée. Certaines « anomalies » ont tout autant de chance d’apparaître par surprise, sans être détectée. Vouloir un enfant nous force donc à une question obligatoire dont la réponse doit forcément être oui si on est prêt à aimer : suis-je prêt à changer de vie au-delà de ma zone de confort pour cet enfant ?  À la base, enfant « normal » ou non, la réponse doit être oui.

Sincèrement, avorter d’un enfant trisomique déjà gros comme une orange, qui suce son pouce, et avec qui je cohabite déjà avec amour depuis 4 mois, parce qu’il va soi-disant gâcher le tableau parfait de notre famille aux beaux enfants normaux à boucles blondes et yeux bleus, non merci, on vaut tous tellement plus que ça !

Nous pensons qu’un monde sans ce genre de différences est un monde perdu.


PS : j’espère que les parents d’enfants atteints de trisomie 21 qui liront cet article comprendront avec bienveillance ma démarche et ma réflexion, et excuseront mon ignorance, s’il y a forcément liée à l’inexpérience. Si d’ailleurs vous souhaitez ajouter des informations ou votre témoignage, n’hésitez pas à laisser un commentaire

EDIT : une dizaine de jours après, nous recevions l’appel tant attendu : nous étions contents d’être fixés, notre enfant n’est pas trisomique. « Vous devez être soulagée » me dit la voix au téléphone, « pas spécialement, répondis-je, nous étions prêts ».

Mum Nouvelle-Zélande

Les avantages de ma grossesse au bout du monde, en Nouvelle-Zélande

5 février 2021
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En venant vivre en Nouvelle-Zélande en 2017, si on m’aurait dit que j’y vivrai ma première grossesse, je ne l’aurais pas cru… On était plutôt bien au no-kids club ! Finalement, c’est arrivé, au bout de 3 ans installés à Wellington. 3 ans plutôt durs qu’on venait de passer dans l’instabilité et les difficultés d’adaptation. En 2020 donc, peu de temps après mon anniversaire, et peu de temps après la fin du confinement néo-zélandais, j’ai découvert que j’étais enceinte ! Et ce fût assez fou, car ce n’était pas prévu, et que je ne pensais pas qu’à 37 ans, il suffirait d’une soirée de folie sans précaution pour que ce soit aussi facile.

Nous avons pris cela comme une bonne nouvelle, nous en avions parlé un peu ces dernières années, sans être vraiment prêts. Mais au final, cela nous semble faire partie des choses pour lesquelles on risque de ne jamais passer le pas si on attend d’être prêts, alors c’est pas plus mal ! Avec le recul, c’était le moment parfait.

Du coup, avant d’embarquer sur le petit nuage de bonheur qu’allaient être ces 9 mois de grossesse, j’ai tout de même expérimenté un mois et demi de flippe, du genre « OMG je vais vivre cette expérience dans un pays étranger aux antipodes du mien ! Je ne sais pas du tout comment ça se passe ». Cela a donc mis un peu de temps avant de constituer le puzzle de comment ça allait se passer, administrativement, médicalement, etc… Et d’y voir clairement.

/ J’y consacrerai un article ou deux, car je trouve les comparaisons de systèmes selon les pays très enrichissantes. 

Il y a aussi eu les doutes, période assez normale et différente selon chacune. Les miens, c’est parce que, sincèrement, on était vraiment bien que tous les deux, avec nos deux chats. Je m’endormais souvent le soir en disant à mon homme que tout est parfait et que j’aimerais que cette période soit figée dans le temps pour toujours. Impossible, bien sûr, mais là…. on savait que dans 9 mois ça serait du passé ! Et puis aussi, j’adorais mes moments de solitude à cette période, bref, j’ai eu un peu de mal à faire brusquement le deuil de ce que j’avais connu pour aller vers l’inconnu. J’ai cru que ça allait mal se passer. Comme une fatalité.

C’est là que mon homme m’a sauvé de bien des mois d’anxiété, grâce à une conversation un soir où il m’a rappelé tout ce qu’on aimait vraiment, l’idéal de notre situation, et surtout, toute l’adaptation dont on était capable. Chez nous, on fonce et on provoque le futur désiré, on ne subit pas la vie et les évènements. Bref, une grosse remise au clair qui m’a permis de me ressaisir et de me recentrer. La fatalité, ça n’existe pas. Je le savais.

Après cette conversation, j’ai « dormi dessus », comme on dit ici, et le lendemain tout était changé, et j’étais cette femme qui avait décidé de vivre une expérience fabuleuse, glorifiante et pleine d’amour, auprès de ma moitié.  Et ce fût le cas.

Je suis aujourd’hui à 2 ou 3 semaines de mon accouchement, et je peux dire que j’ai vécu une belle grossesse, et que dans mon cas, l’avoir vécu en Nouvelle-Zélande, à 18000 km de chez moi, a été vraiment appréciable. En voici les raisons.

 

Pas d’influence malsaine, pas d’entourage intrusif

Une des choses que je lisais le plus sur les forums, mes applications de grossesse, ou sur les sites spécialisés, concernant le début de grossesse, c’est comment l’environnement social général change lorsque vous annoncez votre grossesse. En gros, les proches, comme les moins proches, péteraient une sorte de câble qui les rendrait parfois indécents ou intrusifs. Comprenez pas là : les copines qui se mettent à raconter les histoires de leur grossesse avec les détails horribles bien sûr, les femmes qui ont toutes une histoire flippante à raconter aussi, les mères, les tantes qui veulent de suite savoir vos choix pour les juger ou qui n’attendent pas pour vous dire ce que vous devez faire selon elles, mais aussi, les copines qui n’ont pas eu d’enfants et qui vont juste arrêter de vous parler, les amis qui sont déçus que vous quittiez le no-kids club et qui vous mettent dans le panier des amis qui vont faire chier avec leurs photos de marmots sur tous les réseaux sociaux, les gens du boulot qui vous regardent de travers… etc etc …

Bref, le fameux « avoir un enfant redistribue les rôles de l’entourage ». Oui, mais non, que chacun reste à sa place d’avant, merci.

Cependant, il faut se rappeler (facile pour nous) que généralement beaucoup de monde s’en fout quand une-telle tombe enceinte, ça reste l’évènement le plus banal de la vie sociale, bien que ce soit l’évènement le plus extraordinaire d’un point de vue individuel.

 

Ici donc, je ne me suis jamais retrouvée avec quelqu’un assis dans mon salon cherchant à décortiquer ma vision de la maternité en vue de me donner la sienne ou de juger la mienne. Je n’ai pas été pourrie non plus par les histoires des autres. Je ne me suis pas retrouvée attablée avec des personnes qui ont pensé qu’il faudrait parler de ça toute la soirée. Et cela a été une bénédiction. Cela m’a permis d’être 100% connectée à mon corps et à son expérience, sans me stresser et me coller des doutes sur mes capacités. Je me suis bien sûr très informée et j’ai beaucoup lu, dont des articles sur des mauvaises expériences, mais c’était de l’information que j’ai recherchée et ça n’était pas pareil aux témoignages et remarques non-sollicitées d’un entourage peu finaud.

Il y a bien eu des personnes dont la première question était de savoir si j’allais allaiter (un grand classique français…), mais il a été plus facile de fermer la porte à ce genre de questions à distance.

On trouve plein de listes des choses à arrêter de dire aux femmes enceintes, j’ai bien aimé cette liste des choses à leur dire.

Les amis restés en France se sont contentés de félicitations (je pense aussi que mes amis ne sont pas du genre à se dire qu’ils peuvent me gonfler avec des conseils non sollicités, merci à eux !), et les amis en NZ sont toujours très décents, proposent leur aide et sont positifs.

Venant de notre famille, j’ai été assez surprise de comment les choses sont restées en surface, sans jamais effleurer l’émotionnel. Je suppose que toute femme sait le feu d’artifice que provoque une grossesse, les espoirs, les rêves, les joies, les projets de vie (attention je ne parle pas de projections sur l’enfant), les changements, les révélations, les poussées d’amour qui l’accompagnent. Pourtant, c’est comme si c’était tabou. « Le bébé va bien? » oui, merci. « Toi ça va, pas de complication? » tout va bien, merci. « Alors que ressens-tu?, Quelle expérience vis-tu? », ça n’intéresse personne. Ou alors c’est tabou. Ensuite, nous sommes les premiers à savoir que les gens s’en foutent. Donner la vie est en même temps la chose la plus banales et répandue du monde (le plus médiocre des humains peut se reproduire après tout) et l’expérience la plus extraordinaire d’un point de vue individuel.

J’ai donc passé 9 mois avec personne sur le dos. Juste moi et mon homme, en autarcie émotionnelle totale. Et c’était parfait.

 

Une vision différente de la grossesse, que je trouve meilleure

Je ne savais pas grand-chose de la grossesse, vu que je n’avais pas cherché à tomber enceinte, et que mes amies proches étaient soit du no-kids club, soit pas du genre à ne parler que de ça quand on se voyait. C’est en la vivant, et en m’enfilant tous les épisodes de la Maison des Maternelles que j’ai découvert des différences entre la France et la NZ, alors que je pensais que ça serait à peu près pareil partout, et qu’il n’y avait pas 36 façons de vivre sa grossesse. C’était la plus grande ignorance de ma vie, et je sais que beaucoup de nanas en France ne se posent pas trop de questions non plus, le système étant encore très dans un sens, ne leur offrant pas les libertés auxquelles elles ont droit.

En gros, pour résumer, et à ma grande honte, je suis arrivée chez une sage-femme, au premier RDV, en questionnant sur la péridurale en NZ. Je ne connaissais rien, et je pensais qu’on prenait une péridurale pour accoucher comme on prenait un Doliprane quand on a mal à la tête. Elle a fait une de ces têtes la sage-femme… En France 80% des femmes accouchent avec péridurale, sans trop se poser de questions, comme moi au début, ici, c’est seulement 20%. Cela m’a chamboulé, et j’ai commencé à beaucoup lire sur le sujet… Les désavantages, pourquoi cela induit une cascade d’interventions, pourquoi c’est moins bon pour la récupération, pour les déchirements, pour la sortie du bébé, et le travail du bébé, etc etc… des tas de raisons, appuyées par des études, qui commencent à faire leur bout de chemin en France.

En France, il y a une grave crise des maternités, des hôpitaux, et de surpopulation. Avoir des femmes à moitié paralysées sur le lit, pour les gérer à la chaîne, est « une maltraitance » nécessaire, comme dirait Anna Roy.

Tous ces problèmes n’existent pas (encore?) ici, pays de 5 millions d’habitants, à l’aise économiquement. On peut donc offrir le meilleur aux femmes : une information complète et non-influencée, le choix d’accoucher comme elles le souhaitent, un cadre respectueux et intime pour le faire, avec tout le temps qu’il faut.

salle accouchement naturel physiologique wellington

Salle d’accouchement de l’hôpital de Wellington

La déontologie des sage-femmes de Nouvelle-Zélande implique de respecter les choix de la mère, de la conseiller avec les faits sans l’influencer, de demander la permission avant toute intervention (même le toucher vaginal pour vérifier l’ouverture du col), de demander un plan de naissance complet, qui guidera toute l’équipe le jour J.

J’ai découvert tout cela au cours de ma grossesse, j’ai énormément lu sur le sujet, en français et en anglais (loin des forums, juste des sites sérieux), et, grâce à cette éducation, j’ai pu me connecter encore plus à mon corps, le comprendre, le chérir, et à partager l’expérience de l’enfant qui grandit en moi. Cela à contribuer à la beauté et simplicité de cette première grossesse : je n’ai pas eu d’anxiété ou autre.

J’ai aimé qu’on m’accompagne dans ma grossesse pour ce qu’elle est : le processus le plus naturel du monde, pour lequel mon corps est taillé. Je reste persuadée que 80% des problèmes sont somatisés, et peuvent s’envoler avec une meilleure éducation sur le sujet. J’avais beau arriver de France en pensant que la péridurale était quelque chose de normal, j’étais en revanche éduquée sur le périnée et le plancher pelvien dont il faut prendre soin avant la grossesse. À mes cours de yoga prénatals à Wellington, 80% des filles n’avaient pas conscience de leur plancher pelvien et n’avait jamais entendu parler ou fait d’exercices de Kegel, tellement essentiels pour la suite. Dans diverses émissions françaises, j’apprends que la grande majorité des femmes n’en entendent parler qu’après l’accouchement, en mode « voilà maintenant sessions de rééducation du périnée, c’est remboursé ». Ouille.

Guide Hey Mama, offert par les sage-femmes, une mine d’information sur tous les aspects de la grossesse et à quoi s’attendre. A été très utile en plus des applications de suivi que j’ai utilisé.

 

Un cadre plus propice à la grossesse

Et enfin, l’évidence : la Nouvelle-Zélande, tout simplement. Pas de pollution, un lifestyle relax, une société globalement bienveillante. Et Wellington plus précisément ; la mer, les plages, les collines, une communauté sympa.

Quand je pense à ce qu’aurait été ma grossesse à Paris, ben en fait… j’arrête vite d’y penser. Ce n’était pas du tout pour nous, et je pense que ça ne serait même jamais arrivé là-bas.

Le niveau de vie est tout de même plus élevé, les maisons plus spacieuses, le cadre plus vert. Et cette mer qui n’est jamais loin et qui aspirent tous les soucis !

J’ai lu cet article du blog Naturelle Maman assez tôt dans ma grossesse :

Lire son article entier

Cela m’a fait froid dans le dos, m’a collé la nausée. Surtout de penser qu’on fait croire aux femmes que c’est la normalité.

Grâce à mon expérience au bout du monde, je sais que c’est faux.

Ce qui est important aussi, ce sont les gens, l’ambiance sociale autour de la grossesse. C’est assez similaire à l’Australie ou les US, où les sages-femmes ont une grande place et communiquent beaucoup grâce à Internet et aux réseaux sociaux, souvent avec humour et bienveillance. Il n’y a aucun tabou, ni chichis. Les groupes Facebook néo-zélandais pour mères-futures mères sont une perle pour le soutien et normaliser des tonnes de choses. L’allaitement est normal et ne marginalise/désexualise pas les femmes, on fait des blagues sur les « vaginal discharges », les slips jetables, et tout le monde sait qu’on risque de se chier dessus en accouchant et cela n’empêche pas de dormir. Tout cela est super rafraîchissant et libérateur.

 

baby shower cake poop gateau caca accouchement

Membre d’un groupe qui nous a partagé son gâteau de baby shower pour le moins humoristique

 

La façon dont le Covid a été géré en Nouvelle-Zélande nous permet de vivre normalement depuis mai 2020, après un confinement très efficace. Je vais donc accoucher dans des conditions normales, et j’en ressens beaucoup de gratitude. Même si une grossesse se passe bien, est belle et relax, il y a tout de même le yoyo émotionnel de la grossesse psychique et hormonale, et cela n’est pas toujours pas facile à gérer. Je pense souvent à toutes les femmes qui doivent gérer ça, en s’inquiétant en plus des conditions dans lesquelles elles vont devoir donner la vie, ce n’est vraiment pas juste.

 

Nos choix de vie en NZ

Il y a aussi le cadre que nous nous sommes créé ici, grâce à nos choix qui rendent l’expérience plus sympa et qui permettent d’envisager le « quatrième trimestre » avec sérénité.

Je suis « self-employed », je peux gérer la partie digitale de mon e-commerce depuis la maison et me déplacer occasionnellement à l’entrepôt si besoin est. J’ai embauché une employée dès le second trimestre de grossesse, pour qu’elle soit prête à gérer le travail sur place lorsque je ne pourrai pas venir. Cela s’inscrivait dans mes projets de croissance de mon entreprise, mais j’aurais sûrement eu plus de difficulté à passer le stade d’embaucher sans les besoins de la grossesse. Je vais donc pouvoir garder un œil sur ce qu’il se passe et même me concentrer sur l’expansion et le travail digital durant les prochains mois, tout en restant chez moi.

Mon homme, de son côté, avait trouvé, depuis quelques mois, le job de ses rêves chez W., à 5-10 minutes de la maison. Son contrat a commencé en même temps que le confinement néo-zélandais de 2020, et il a dû télé-travailler pendant des semaines. W.  a par la suite pas mal lâché la bride sur le télé-travail suite à cette expérience globale, et du coup, il peut être à la maison plus souvent. Notamment, là, pendant mon dernier mois de grossesse, il est là presque tous les jours, ce qui est un grand soutien. Ce sera pareil pour la suite : il prendra 2 semaines de congé parental, puis ensuite télé-travaillera de la maison pendant plusieurs semaines, ce qui lui permettra de passer du temps avec le bébé, et moi de me reposer.

 

Conclusion

Je pense que c’est parce que ces conditions étaient déjà enfin réunies que cette grossesse est arrivée. Comme tu l’as compris, le bébé à Paris, avec 2 parents salariés et toutes les chaînes aux chevilles, le stress, que ça implique, ce n’était pas pour nous.

Tout cela n’était pas prévu et se passe finalement très bien. Le désir d’enfant n’est pas incompatible avec le désir de partir vivre à l’étranger.

À nos cours de préparation à l’accouchement et à la parentalité (appelés simplement « antenatal classes »), à Wellington, il y avait d’autres couples d’expatriés, qui eux aussi vivaient cette aventure loin de chez eux, et profitaient de ce bonheur à deux, comme nous.

On a tendance à penser que la France (ou son pays d’origine quel qu’il soit) est ce qu’il y a de mieux pour telle ou telle raison : « c’est plus moderne », « c’est plus sécurisant », « les médecins sont mieux », « je veux mon gynéco de famille », on a une tendance à être très autocentrés, mais en réalité, c’est parce que la santé, ça nous fait peur, et qu’on se sent en sécurité dans son pays, car on sait comment ça fonctionne, et que notre entourage y est passé aussi. Pourtant, c’est ce n’est pas toujours vrai. Je ne regrette pas du tout que cela se passe au bout du monde. Au bout du monde, on peut trouver des systèmes plus respectueux, qui informent mieux, qui accompagnent mieux, qui vous respectent mieux, et aussi on peut trouver une aventure personnelle et émotionnelle incroyable, qui va tant nous apprendre. Il y a aussi d’excellentes équipes médicales, surtout dans le Pacifique. Personnellement, je trouve le milieu médical ici bien plus compétent qu’en France.

Mon homme me dit souvent que notre foyer c’est nous, nos chats (et bientôt notre enfant), point. Pas l’endroit où l’on vit. Il a tellement raison. C’est grâce à ce cocon immatériel, que je retrouve tous les jours, que j’ai pu profiter pleinement de cette grossesse, me rendre compte que j’aurais pu beaucoup m’inquiéter pour rien, ou me créer des blocages, pour rien. J’ai constaté encore une fois qu’un environnement en harmonie avec nos propres vibrations peuvent faire des merveilles.

Car pour tout dire : j’étais persuadée qu’une grossesse, chez moi, ça serait tout sauf simple. Et bien je psychotais. Il fallait juste que je sois au bon endroit, avec la bonne personne. Et loin des mauvaises influences.


Je te le dis presque tous les jours, mais je te le dis encore, mon beau, c’est grâce à toi que j’ai pu vivre cette expérience sur un nuage de bien-être, MERCI, merci, merci d’être merveilleux. Je t’aime à la folie.

Nouvelle-Zélande

Covid-19 en Nouvelle-Zélande : la gestion qui nous permet de vivre normalement

11 novembre 2020
nouvelle zelande covid

Décembre 2020 arrive. En Nouvelle-Zélande, nous sommes bientôt en été, les fleurs sont sorties, la température se réchauffe, les bords de mer se remplissent, les salons et festivals vont bon train, sans masque, sans anxiété. Pendant que le Covid semble étendre son cauchemar outre-mer, ou « overseas » comme on dit ici, nous, nous vivons normalement, reconnaissants.

Pourtant, le Covid a mis le pied en Nouvelle-Zélande, comme partout, mais a été coupé net. Tellement que le parti de Jacinda Ardern, notre Prime Minister, vient d’être réélu par une majorité historique. On parle de « vote de gratitude ». Pourtant, ici aussi, il y a eu un confinement, et un raide, des entreprises ont mis la clé sous la porte, la restauration a beaucoup souffert, et le NZD a chuté. Mais pourtant, les Néozélandais sont globalement reconnaissants et s’apprêtent à passer leur été 2020-2021 sans réserve.

Nous sommes, nous aussi, très reconnaissants d’être ici, tout spécialement lorsque nous regardons les infos françaises. La NZ et la France ne sont pas comparables, évidemment, mais il y a des choses dont on peut s’inspirer, et je les partage ci-dessous.

 

Petit historique du Covid-19 en Nouvelle-Zélande

Le premier cas de Covid-19 est arrivé en Nouvelle-Zélande le 28 Février 2020.

Le 25 Mars, bien avant le pic de l’épidémie, le gouvernement annonce un confinement national pour tout le monde. Cela a été mis en place en moins d’une semaine et avec un système de niveaux d’alertes, clair à comprendre pour tous. Le niveau 4 étant le confinement ultime, pour tous, et le niveau 0, la vie normale.

Le 27 Avril, nous sommes repassés en niveau 3, qui lève quelques restrictions, pour quelques commerces notamment. Le pic de l’épidémie fût en avril, avec un maximum de 89 nouveaux cas par jour, et 929 cas actifs.

Le 13 Mai, après une retombée à 85 cas nationaux, on passe en niveau 2, tout ré-ouvre, mais la distanciation sociale est de mise. La vie était presque redevenue normale.

Depuis le 8 Juin, et encore à ce jour, nous sommes en niveau 1. Cela signifie la vie normale pour tous, mais les frontières toujours fermées. Nous avons réussi à maintenir un « 0 nouveau cas » pendant 102 jours.

Mais le 11 Août, 4 cas actifs sont apparus on ne sait comment à Auckland. Dès le lendemain de leur découverte, toute la région Auckland est repassée en niveau 3. Tandis que le reste du pays repassait en niveau 2, au cas où.

Le 23 Septembre, Auckland est repassé en niveau 2, et le reste de la NZ en niveau 1.

Fin octobre 2020, nous avons eu un total de 1949 cas (dont 1593 confirmés), et 25 morts.  À cette même date, la NZ a offert plus d’1 million de tests sur son territoire.

L’action du gouvernement a été admirée internationalement, et nationalement.

covid 19 coronavirus graphique evolution nouvelle zelande

Évolution des cas de Covid-19 en Nouvelle-Zélande de Mars à Juin 2020. Le fond orange correspond à la période de confinement maximum.

Depuis la « 2ème vague » d’août, le nombre de cas actifs stagne entre 10 et 50 cas actifs simultanés sur le territoire, bloqués en quarantaine à la frontière. Nous sommes actuellement à moins d’un nouveau cas par jour.

covid 19 coronavirus graphique evolution nouvelle zelande 2

Évolution des cas de Covid-19 en Nouvelle-Zélande de Mars à Octobre 2020

 

Réaction et gestion du gouvernement face au Covid-19

Voilà pour les chiffres. Pour résumer, on peut donc dire que le gouvernement de Jacinda Ardern n’a pas tergiversé et a agi rapidement. Le Covid étant déjà sur le territoire, il n’a pas attendu que les lits d’hôpitaux soient tous pris pour déclarer un confinement sec et net, auquel tout le monde a dû se préparer en moins d’une semaine. Ce confinement a été d’une efficacité redoutable.

50 jours de confinement sévère

Je le qualifie de « sévère », comparé à ce qu’on a pu voir en France. Ici, le confinement n’a pas connu de demi-mesure :

  • tous les commerces, restaurants ont dû fermer, sauf les « essentiels » : supermarchés, pharmacies, etc… Si on peut s’en passer pendant 50 jours, c’est que ce n’est pas essentiel.
  • le point fort qui a fait toute la différence : soit on télé-travaillait, soit on restait chez soi. Il n’y a pas eu de « si vous ne pouvez pas télé-travailler, vous pouvez aller bosser ». Non, de toute façon, toutes les entreprises ont fermé leurs bureaux, sans favoritisme ni laxisme.
  • pas de ventes à emporter ou de livraisons
  • pas de sortie en dehors du quartier. De ce que j’ai pu voir de mon suburb, les gens ont été très respectueux de la distanciation et n’ont pas abusé
  • toutes les écoles et universités ont bien sûr fermé

C’est grâce à cette sévérité de confinement que nous avons pu reprendre une vie normale en mai. Mais pas que. J’explique plus loin comment le gouvernement a rendu possible ceci en assistant financièrement les entreprises.

La « deuxième vague », en août, a été très bien gérée aussi en reconfinant partiellement Auckland. Depuis, les quelques cas de virus présents en NZ, sont ceux qui sont déclarés durant les 15 jours de quarantaine obligatoires pour toute entrée sur le territoire. Aucun cas ne se balade depuis dans la nature. Il y a bien eu quelques cas qui se sont faufilés on ne sait comment dans la communauté, cependant, grâce à l’application « NZ Covid Tracer » cela a pu être géré très rapidement. J’explique plus loin.

 

Aide financière immédiate aux entreprises et aux salariés touchées par le Covid

Toutes les personnes dont le métier ne permettait pas le télé-travail, ont tout de même dû rester chez elles et arrêter de bosser. Cela s’est fait, sans polémique, on n’a pas entendu de « sauvez nos librairies », « sauvez nos restaurants », « sauvez nos commerces de proximité », personne n’a prétendu être au-dessus des autres dans ce confinement, bien que certains bouchers ont été déçus de ne pas être considérés comme des « essential business ». Logique, puisqu’on trouve la viande en supermarché et qu’il fallait limiter les lieux de vente.

Le Royal New Zealand Ballet n’a pas pleurniché, malgré le brusque changement, travaillant via Zoom, offrant des vidéos live au public, et déclarant que s’adapter constamment faisait parti de leur métier.

…  Comment cela est-il possible ?

Et bien, le gouvernement a réellement tenté d’établir un juste milieu entre perdre son salaire ou devoir continuer de sortir et divulguer le virus.

Versement de fonds en urgence

Toute personne/business ne pouvant plus toucher son revenu pendant le confinement, s’est vu proposer $525 par semaine, pendant 3 à 5 mois. La condition était d’avoir eu une perte de 30% de revenus ou de chiffre d’affaires sur les derniers mois.

Un système a été mis en place pour les entreprises, petits patrons, et aussi pour ceux qui sont à leur propre compte (self-employed / freelances) :

il s’agissait de remplir un formulaire, détaillant la situation, ainsi que le nombre d’employés concernés (les freelances mettaient donc 1). Et dans les 5 jours, en urgence donc, le gouvernement versait l’équivalent de $525 par semaine pour 3 mois, en 1 seule fois, par employé, et chaque patron / entreprise le reversait à ses employés. Chaque personne en difficulté a donc pu recevoir en une fois $6300 pour tenir le coup, ce qui, pour le néozélandais moyen a vraiment aidé.

Des aides publiques ont été accordées à la culture (orchestres et ballets nationaux etc…).

Ce qui m’a épatée, en dehors de cette aide, c’est comme chaque entité a tenté de se réinventer pour survivre au confinement… vente en ligne, solidarité, prestations en video live… Les efforts pour la survie ont été impressionnants. Certains ont même réussi à toucher une nouvelle audience / clientèle en découvrant une activité online qu’ils n’avaient jamais osée jusque là.

J’en parle plus loin dans le paragraphe sur la mentalité des Néozélandais pendant le confinement.

Prêt à 0% du service des impôts

L’IRD (Inland Revenue Department) a proposé aux mêmes entreprises et freelances en difficulté un prêt à 0% pendant 1 an.

« The Small Business Cashflow (Loan) Scheme (SBCS) » a été introduit pour aider les entreprises ayant moins de 50 employés à temps plein.

Le montant maximal prêté était de  $10 000 $ + $1800 par employé. Après 1 an, le prêt passe à 3%.

 

Paiement des loyers

Un des grands soucis fût bien sûr de payer son loyer. La Nouvelle-Zélande est surtout une terre de propriétaires, et le marché de la location est peu régulé, pour le moment … Il n’y a quasiment aucune protection des locataires et, le marché immobilier étant en pleine explosion en NZ (beaucoup de propriétaires revendent 1,5 million leur vilaine maison achetée à 200 000 en 1994), il est monnaie courante que les propriétaires louent quelque temps avant de vendre, faisant monter les enchères pour le loyer demandé, histoire de payer leurs intérêts rapidement… Louer en Nouvelle-Zélande, un vrai casting du cauchemar…

Le gouvernement a interdit les fins de location entre Mars et Juin 2020. En dehors de ça, il a simplement enjoint les locataires à dire honnêtement à leurs proprio s’ils ont des difficultés pour payer le loyer pendant le confinement, et a recommandé aux propriétaires de négocier un paiement échelonné si besoin.

Le tarif de location moyen sur tout le territoire est de $390 par semaine pour 1 ou 2 chambres. Un foyer touchant 2 aides à $525 par semaine a donc pu s’en sortir. Il faut aussi dire, que par sa culture, son système et son histoire spécifique, la NZ est un pays où il est normal de mettre de l’argent de côté (beaucoup moins d’assistance sociale qu’en France). Cette habitude permet de mieux gérer les coups durs évidemment. Il n’est pas rare de voir sur des forums, ou les réseaux sociaux, des personnes en difficulté se voir répondre : « mais à 35 ans tu n’as aucun savings? »

Et ceux qui ont des prêts sur la tronche ?  Le gouvernement et les banques ont trouvé un accord pour geler les remboursements de prêts pendant 6 mois. Mais Roger Beaumont, directeur général de l’Association des banquiers néozélandais, prévient :

«Bien qu’il existe des avantages évidents pour les personnes dans le besoin, les reports de remboursement peuvent prolonger le délai de remboursement du prêt et augmenter les frais d’intérêt. Ce n’est donc peut-être pas pour tout le monde. Il est important de savoir que les intérêts sur ces prêts continueront de s’accumuler et que des intérêts différés seront ajoutés au montant principal du prêt. « 

 

Rien n’est parfait bien sûr et il y a toujours des pertes. Mais la Nouvelle-Zélande a essayé de faire au mieux pour limiter les dégâts, en décidant en urgence de mesures radicales. Et au final, cela a bien fonctionné.

L’emploi a chuté de 0,4% au cours de la période de confinement, ce qui équivaut à 11 000 personnes. Sur ces 11 000, 10 000 étaient des femmes. C’est immense et dû au fait que le secteur de la restauration emploie majoritairement des femmes.

Au cours du trimestre de septembre 2020, le nombre global de chômeurs a augmenté de 37000 pour atteindre 151000, en réponse à l’impact du COVID-19.

Cette hausse de 37 000 est la plus forte hausse trimestrielle du chômage depuis 1986.

La 2ème hausse la plus importante sur un seul trimestre avait été enregistrée en juin 2009 pendant la crise financière mondiale, lorsque le nombre de chômeurs avait augmenté de 18 000.

 

Fermeture des frontières

Toutes les frontières et points d’entrée ont été fermés pour les non-résidents / non-citoyens dès le 19 Mars 2020. Les résidents/citoyens retournant au pays ont dû être isolés chez eux.

Depuis le 10 avril 2020, tous les Néozélandais revenant de l’étranger doivent respecter 2 semaines de quarantaine dans des hôtels prévus à cet effet, et à leurs frais (dans les 3500NZD). Cela est toujours en vigueur en Novembre 2020, et n’a pas été assoupli.

C’est l’avantage principal d’être sur une île perdue au milieu du Pacifique : aucune entrée illégale n’est possible.

La Nouvelle-Zélande s’est barricadée, et seuls les citoyens et résidents permanents peuvent entrer sur le territoire. Et pas de cadeau, pour eux aussi c’est 15 jours en quarantaine obligatoires.

Le pays va beaucoup souffrir économiquement de la perte du tourisme. L’économie de l’Otago a été la plus durement touchée, avec une baisse de 15,6% par an, impactée par les retombées du tourisme.

Selon Stats NZ,  sur l’année financière 2018-2019, le tourisme a généré 16,2 milliards de dollars, soit 5,8% du PIB du pays. La valeur ajoutée indirecte des industries soutenant le tourisme a généré 11,2 milliards de dollars supplémentaires, soit 4,0% du PIB. Les dépenses du tourisme international s’élevaient à 17,8 milliards de dollars et 229 566 personnes étaient directement employées dans le tourisme, soit 8,4 pour cent de la population active.

Le gouvernement cependant a choisi la protection totale. Il faut noter qu’en Nouvelle-Zélande, il y a une forte culture de la protection des terres, ne serait-ce que par la Biosecurity qui contrôle tout ce qui entre sur l’île, et détruit tout ce qui peut poser problèmes (nourriture, graines, bactéries…), dans le but de protéger la flore et la faune native de l’île.

Connaissant cela, on comprend facilement que la Nouvelle-Zélande ait pris ce genre de décisions radicales pour se protéger d’abord physiquement.

 

Application de tracking Covid

Ici aussi il y a eu la sortie d’une application pour lutter contre l’épidémie. Elle a été bien accueillie et utilisée. Son succès, je pense, tient à sa simplicité ; il s’agit d’une application de tracking, peu intrusive. Son fonctionnement diffère de StopCovid qui utilise Bluetooth et l’identification de contacts.

L’appli néozélandaise NZ Covid Tracer est simple :

  1. on s’inscrit, avec un faux nom peu importe, le principal étant de renseigner un numéro de tél ou un email valide pour être contacté en cas de soucis.
  2. et ensuite, au quotidien, on scanne  les QR codes à l’entrée des endroits où l’on va. Chaque entreprise, lieu public, etc, est tenu d’afficher son QR code à l’entrée. On peut aussi entrer le lieu manuellement, si on a oublié ou pas vu l’affiche.
NZ Covid Tracer app et son système de QR code

NZ Covid Tracer app et son système de QR code

Si une personne s’avère avoir contracté le Covid, ses données de déplacement sont épluchées, et toutes les personnes qui ont fréquenté les mêmes lieux vont être contactées et invitées à être testées. Les « cas contact » sont donc retrouvés facilement. L’appli a été créée pour le Ministère de la Santé, et les lois de vie privée et secret médical s’y appliquent.

Voilà, c’est tout. Les infos entrées dans l’appli ne sont pas partagées en dehors des services Covid NZ, et sont effacées de manière définitive au bout de 60 jours.

2 300 000 néozélandais ont utilisé l’appli, sur 5 000 000, ce qui a permis de bon résultats. Il s’agit à peu près du nombre de néozélandais vivant dans les grandes villes.

 

Mentalité positive des Néozélandais pendant le confinement, respect des règles anti-Covid

À Wellington, à l’annonce du confinement, tout le monde a pris ses dispositions. Il y a eu 2 ou 3 jours très agités sur les routes, puis… le calme. Bien sûr, bien avant ça, il y a eu les aficionados du papier toilette qui ont dévalisé les supermarchés. Comme partout dans le monde, il y a cette couche de personnes pour qui la survie passe par la propreté de leur cul. Ça nous a fait rire et affligés en même temps. C’est comme dans les films de zombie, il y a toujours une part de zozos qui ne pensent qu’à eux-mêmes pour des détails (et crèvent les premiers parce que pas assez intelligents au final…).

Les supermarchés ont rapidement mis des règles : pas plus de 2 unités par personnes pour certains produits… PQ donc, mais aussi conserves, produits ménagers, de toilette, farines, etc…

Ces règles et le confinement par la suite ont permis un réapprovisionnement rapide. La période de rayons vides a duré 2 semaines tout au plus.

Selon les heures de la journée, il fallait faire la queue pour entrer dans le supermarché, afin de respecter le nombre maximum de clients à l’intérieur en même temps. Les livraisons à domiciles étaient surbookées, et de nombreuses personnes proposaient d’aider les personnes âgées isolées de leur quartier. Il y a ici ce concept de communauté forte et solidaire en cas de pépin.

Wellington est une ville de 400 000 habitants qui respire, avec très peu de barres d’immeubles. Le confinement a donc plutôt été abordé comme un moment de calme et d’expérience pour la plupart des gens, pour ce que j’en ai vu. Matinées calmes, sans un bruit. Les gens sortaient en famille après le déjeuner pour profiter du beau temps, faire leur tour de vélo ou leur exercice, en respectant les distances, puis rentraient chez eux. Les Wellingtoniens se regroupent beaucoup sur Facebook, dans des groupes par suburb (quartiers). Il y a eu beaucoup de communication, de jeux, d’entraide… La plupart des gens ont placé des peluches à leurs fenêtres pour saluer les enfants qui passent ou qui les voient depuis leurs maisons.

Ceux-ci accrochaient aussi des dessins en écrivant le conseil de Jacinda Ardern : « be kind » et le mettaient à leurs fenêtres.

nz peluches ours nounours fenetres coronavirus

Il y a eu très peu de problèmes relatifs à des ados sortant et se réunissant. Pas de rébellion non plus. Chacun a pris ses responsabilités. Évidemment, c’est bien plus facile lorsqu’on vit dans une maison avec un petit coin vert, dans un quartier vert, que lorsqu’on est à 5 dans un appart. Cela nous amène à nous interroger sur ce qu’est vraiment la qualité de vie. Nous, nous avons quitté Paris parce que vivre entassés les uns sur les autres sous prétexte que c a fini par nous sembler complètement aliénant et peu naturel. Aujourd’hui nous sommes confortés dans cette idée. Et oui, j’ose le dire : les 3 mois de confinement n’ont pas été un mauvais souvenir, nous n’avons manqué de rien, et nous en avons même fait une expérience positive. Et cela a été bien plus facile dans une communauté bienveillante et bien dans sa tête.

La Nouvelle-Zélande étant un pays à séismes, beaucoup de Néozélandais savent ce que c’est que la perte ou de vivre avec le risque de perte. Donc pendant le confinement, bien qu’on leur a annoncé qu’ils ne pouvaient plus sortir, s’amuser, voir leurs amis, ou même travailler, la réaction a plutôt été « ok c’est une tuile, c’est la vie … hé. On se relèvera. »

On trouve dans la mentalité des gens ici un équilibre entre les attentes mesurées envers le gouvernement, et l’indépendance vis-à-vis de lui. Nous avons aussi constaté les bienfaits d’un pays axé sur le commerce local et les petits business : il leur a été plus facile de survivre, beaucoup s’adaptant rapidement au confinement, en vendant en ligne, et d’autres, bénéficiant de la solidarité des gens, qui ont rempli volontairement les restaurants et entreprises de services qu’ils aimaient, pour les soutenir.

C’est ce qui m’a le plus épaté pendant ce confinement : les entreprises, des plus petites aux plus grosses, ont déployés des efforts de créativité pour survivre, quitte même à découvrir de nouveaux clients et audiences qu’ils n’auraient pas touchés en temps normal.

La Culture a souffert, mais a relevé le challenge sans s’apitoyer.

L’industrie de l’art est parmi les plus durement touchées par la pandémie en NZ, avec des productions et des concerts annulés dans tout le secteur.

La fermeture des salles oblige les artistes à trouver de nouvelles façons de présenter leur travail.

« Nous ne sommes pas morts, nous sommes vivants, et nous sommes juste en sommeil. Nous avons besoin d’imagination, nous avons besoin d’un but », déclare Patricia Baker, directrice artistique de RNZB.

Même les galeries d’art sont passées online. La McLeavey Gallery de Wellington accueille des expositions numériques.

Mais on s’inquiète de la durée pendant laquelle les artistes peuvent rester sans travail. Le conseil municipal de Wellington intervient et offre un soutien financier à ceux qui en ont besoin.

«C’est incroyablement difficile. Ils doivent manger, payer leur loyer… Le conseil accorde des subventions et nous avons essayé d’être aussi utiles que possible», dit Nicola Young, du Wellington Council.

Mais il y a de l’espoir de la part de ceux qui utilisent le contenu en ligne pour atteindre le public.

«Peut-être que cela en inspirera certains à aller au théâtre une fois que nous serons tous sortis et profiterons de cette merveilleuse ville», dit Baker.

Le contenu en ligne ne remplace pas une soirée au théâtre, mais peut-être une chance d’atteindre un tout nouveau public.

Article de Newshub.co.nz

 

Le Royal New Zealand Ballet en est l’exemple, déclarant que oui, ça allait être difficile, mais que c’était le propre du NZ Ballet de s’adapter aux imprévus. Ils ont continué de s’entraîner via zoom, prenant le challenge au sérieux, et ont déployé des lives solo ou entre colocataires, via Facebook.

Des musiciens de l’orchestre symphonique de Nouvelle-Zélande ont également donné des concerts online, et ont reçu des contributions.

Il semble que le Royal New Zealand Ballet soit la première grande compagnie du Royal Ballet au monde à revenir sur scène en août 2020.

 

 

Aujourd’hui et conclusion

Aujourd’hui, les Néozélandais vivent normalement, bien que conscients que tout peut arriver. Nous sommes au niveau 1, ce qui signifie :

  • rester chez soi au moindre symptôme
  • utiliser l’appli
  • tous les magasins offrent du gel hydro-alcoolique à leur entrée
  • les frontières demeurent fermées

L’été arrive (le 21 décembre ici…) et les vacances seront nationales pour la grande majorité d’entre nous. Les plages seront fréquentées, les salles de spectacles aussi.

Les Néozélandais voient vraiment leurs îles comme un sanctuaire, et ils leur semblent assez normal qu’ici ça aille bien tandis que le reste du monde s’écroule ou s’étripe. Cependant, ils sont aussi conscients, dans leur grande majorité, de la gestion exceptionnelle qui a été mise en place. Jacinda a eu les « balls » d’imposer un programme sans demi-mesure, contrairement à ce que l’on voit ailleurs. On dit qu’elle a fait passer les gens avant l’économie du pays. Nous savons tous qu’il y aura une récession suite à cela, mais nous sommes confiants pour la surmonter, la Nouvelle-Zélande étant assez autonome, très connectée à Internet, et en plein essor depuis les années 2000, tout est à faire.

Nous ne nous sentons pas protégés de tout problème non plus, ni d’un retour du Covid, mais on se sent en confiance par rapport à la façon dont cela sera géré, et qu’est-ce-que ça fait du bien. C’est un sentiment que nous n’avons jamais ressenti avant.

Nous suivons la situation mondiale et française concernant le Covid, et cela prend tellement d’ampleur. Vues d’ici, il y a des choses, des attitudes, des gestions, des décisions que les gens d’ici ne pourraient pas comprendre. En fait, il serait difficile de faire comprendre à un Néozélandais ce qu’il se passe en France et pourquoi rester chez soi pose problème aux gens. En quelque sorte, nous vivons une double expérience en termes d’évènements, et cela nous apprend beaucoup. Notre sentiment est que cette crise et sa problématique est un énième problème de surpopulation, comme les nombreux à venir dans le futur. Vu le nombre de personnes qui commencent à quitter les grandes villes pour des endroits à moindre densité de population (en France ou ailleurs), il semble qu’une prise de conscience ait lieu.

La gloire des grandes villes c’est fini. Notre Paris, c’était fini aussi. Nous le sentions dans notre cœur et avons résisté longtemps avant de l’admettre. Aujourd’hui, en contemplant la situation mondiale, on se rapproche de l’essentiel en voyant clairement les endroits qui arrivent à respirer pendant une crise quelle qu’elle soit.

L’espoir n’est pas là où il y a  20 000 habitants au m2.

 

>> Des mises à jour quotidiennes en infographie sur le statut du Covid-19 en Nouvelle-Zélande sont disponibles ici.

 

Nouvelle-Zélande

Nouvelle-Zélande : apprendre à vivre avec le risque de tremblement de terre

7 juin 2020

La Nouvelle-Zélande est similaire au Japon en ce qui concerne les tremblements de terre : ce sont des îles placées sur la « ceinture de feu », à la limite des plaques tectoniques de l’Australie et du Pacifique. On y enregistre jusqu’à 15 000 séismes par an.

Mais seulement entre 100 à 150 à travers le pays sont assez forts pour être ressentis.

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Ceinture de feu, « Ring of Fire »

En venant vivre en Nouvelle-Zélande, nous savions que nous allions dans un pays à risque de séismes. Nous avons exclu Christchurch, et de toute façon, nous voulions vraiment être à Wellington. Wellington nous rassure, et comprend beaucoup de zones protégées des tsunamis.

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Les zones à risque sont indiquées, on trouve aussi des consignes sur le sol

Notre première expérience de tremblement de terre

Très vite après notre arrivée à Wellington, en 2017, nous avons expérimenté un tremblement de terre puissant, alors que nous étions chez nous dans le suburb de Karori. Mon homme était assis sur le canapé, et moi à même le sol. À cause de ça, j’ai ressenti le tremblement jusque dans mes os. Il a duré 10 secondes qui ont semblé interminables, la secousse a été très forte (environ 5.8). Les chats ont super flippé et sont partis se cacher au sous-sol.

Depuis celui-là, nous avons vécu d’autres tremblements de terre, pas aussi forts que celui-là, mais suffisamment pour que notre cœur s’arrête le temps que ça passe. Souvent, on sent un léger tremblement de quelques secondes. Et puis plus rien. D’autres fois, on le sent venir, comme un gros camion qui arrive au loin dans notre rue, et qui s’intensifie.

Tout s’arrête dans ces moments-là car on se demande jusqu’où ça va aller.

 

Christchurch, le tremblement de terre qui a traumatisé la NZ

En février 2011, Christchurch, environs 340 000 habitants, a connu un tremblement de terre de magnitude 6.5 qui a littéralement détruit la ville.  C’est le glissement d’une faille de 8×8 km (considérée de petite taille) sur 1,6 m qui a été fatal. Je me rappelle être venu en voyage sur l’île du Sud, quelques mois après. C’était une ville rasée. Le séisme a fait 65 morts trouvés le jour J, bilan qui est monté à 166 les jours suivants. Environs 2000 blessés en tout. 10000 bâtiments ont été touchés et 50% ont été abandonnés.

En 2016, Kaikoura, aussi sur la côte Est de l’île du Sud, a connu un tremblement de terre de magnitude 7,8. Cela a été la deuxième secousse plus puissante jamais enregistrée dans le pays. Elle a même fait des dégâts jusqu’à Wellington, qui est à  156 km de là.

La Nouvelle-Zélande ne peut et ne sera jamais tranquille niveau séismes.

seisme christchurch tremblement de terre

Christchurch détruite. Photo de l’article « How the Christchurch Earthquake Made Us Better« 

 

Les Néo-zélandais vivent tranquillement avec le risque de séisme

Je ne dirais pas que les Néo-zélandais vivent dans la peur, ni qu’ils s’en fichent complètement. C’est assez spécial.

À Wellington par exemple, on sent plusieurs tremblements de terre par an. Est-ce-que les gens, depuis tout ce temps, ont construit des bunkers ou autre ? Non. La majorité des maisons sont en bois, matière souple et résistante en cas de séisme, et les  logements récents sont souvent aux normes concernant les séismes, mais c’est encore rare. L’immobilier en Nouvelle-Zélande est encore très vétuste pour le moment.

Cependant, lorsqu’un tremblement de terre arrive, les gens sautent sur leur téléphone pour le signaler : nous avons tous l’application GeoNet installée. Geonet est le service néo-zélandais de surveillance sismique, ses fonctions sont aussi disponibles sur leur site web. L’application permet d’avoir des infos immédiatement sur ce qui vient de se passer, et aussi de signaler lorsqu’on ressent un séisme.

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Les gens en parlent de suite sur les réseaux sociaux pour savoir qui a ressenti quoi, et se rassurer. Mais, globalement, personne n’en fait un fromage.

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Les gens communiquent beaucoup sur les groupes Facebook de leur suburb

Il y a l’EQC en Nouvelle-Zélande, la Earthquake Commission, une institution gouvernementale qui investit dans la recherche, l’éducation concernant les séismes, et surtout qui offre une assurance aux Néo-Zélandais. L’assurance « séisme » est généralement comprise dans les assurances qui incluent les dégâts liés au feu.

À Wellington, il n’est pas rare de voir des lieux publics fermer temporairement (ou définitivement) parce que suite à un contrôle, des ingénieurs ont estimé que cette année ils n’étaient pas aux normes ou que cela représentait trop de risques. C’est le cas du plus grand cinéma central, et même de la plus grande bibliothèque de Wellington.

Le Reading Cinema avait d’ailleurs eu son parking détruit en 2016 par le tremblement de Terre de Kaikoura… oui, celui-là même dont l’épicentre était sur l’île du Sud.

D’ailleurs la plupart des séismes que l’on ressent à Wellington, ont pour épicentre des lieux assez lointains. Pendant les éruptions volcaniques et donc séismes de White Island en 2019, on ressentait régulièrement de toutes petites secousses courtes à Wellington.

 

Jacinda Acern, stoïque pendant un impressionnant séisme

Récemment, la Prime Minister Jacinda Acern a expérimenté un séisme en direct du Beehive, et sa réaction a fait le tour du monde :

Je trouve que son attitude représente bien l’attitude générale : on vit avec, on a l’habitude, on sait qu’il y a 95% de chance que ce ne soit qu’une petite secousse de passage.

Cependant, dans le fond, les gens sont prêts au pire. Ils sont éduqués au pire aussi : je n’ai aucun doute concernant le fait que les Néo-zélandais sauront se comporter avec civilité et solidarité en cas de gros pépin.

C’est sûrement le prix à payer pour vivre au paradis, et personnellement, vivre avec les séismes est bien plus facile que vivre avec tous les aspects négatifs de Paris, que je ne supportais plus.

En passant : vous pouvez expérimenter un faux tremblement de terre au musée Te Papa de Wellingon, dans un petit salon artificiel, et avec divers degré de magnitude. C’est assez ressemblant. L’entrée de Te Papa est gratuite, et cette exposition permanente aussi, à ne pas rater. L’exposition s’appelle Te Taiao / Nature.

Ne rater pas non plus :  l’exposition permanente et gratuite de Te Papa : Blood Earth Fire, qui  relate avec une rare honnêteté le côté sombre de l’histoire de la Nouvelle-Zélande (guerres, destruction de l’habitat, des animaux natifs…), choses qu’on ne voit pas dans les documentaires Arte.

musee te papa nouvelle zelande gratuit

My world Work

Le matériel photo ne fait pas le photographe

26 mai 2020
quel materiel photo annie leibovitz

Ahh le matériel photo… certains le confondent avec le talent. Avec mon homme, on plaisante souvent sur ceux qui en font 3 tonnes sur le matériel, tel un apparat, pour, au final ne rien faire avec. Ça marche pour la photo, le cinéma, la musique, partout où l’ego doit trouver une place saine pour être utile au talent.

Cet article s’adresse aux personnes qui débutent dans la photo  ou qui se sentent un peu paumées dans l’appréhension de leurs projets.

J’aimerais, par cet article, décomplexer les personnes qui aiment et veulent faire de la photo, mais qui n’ont pas de quoi s’acheter un matériel photo onéreux et pointu

Cette notion m’est apparue lorsque je suis entrée en école de cinéma. Il y avait ce garçon de 2ᵉ année, appelons-le Sam, qui avait l’étiquette de « photographe » de l’école. Étiquette, il me semble, qu’il s’était attribué lui-même, et qu’il entretenait soigneusement. Il venait se présenter à nous, et son apparente technicité nous en mettait plein la vue, au début. La technique photo et la direction de la photographie, appliquée au cinéma, était une matière très importante et respectée dans l’école. C’était même une spécialité en 3ᵉ année. Nous découvrions à quel point l’art de la lumière était technique et avancé.

Cela poussait certains élèves, comme Sam, à s’investir énormément dans les aspects techniques du sujet, et à investir de grosses sommes dans du matériel photographique divers, qui, encore une fois, en mettait plein la vue. En effet, un type occupé à arranger son objectif de 30 cm à 2000 boules, ça fait pro quand tu n’y connais rien.

gros grand objectif photo

 

Sam, l’expert en technique et matériel photo

À chaque pause, Sam était là, avec son énorme sac photo rempli de choses qu’on ne connaissait pas vraiment. Il était toujours « sur un projet ». Il était toujours par-dessus nos épaules à donner des conseils. Des « tu devrais plutôt ». Il était constamment sur le forum de l’école à partager son savoir-faire et ses conseils, dans une position de mestre assurée.

Sam gonflait pas mal de monde et il ne nous était pas venu à l’idée d’aller voir son portfolio de suite. Mais, quand nous l’avons fait, ouille. Au bout d’un an d’étude de la photographie, et une fois la magie du mystérieux savoir-faire dévoilée, Sam ne nous impressionnait plus. Et, en nous efforçant de faire abstraction de la poudre aux yeux qu’il nous avait mis, nous avons constaté que son portfolio était juste sans âme et inintéressant, pour nous tous.

Des photos de jolies choses/personnes, bien exposées, nettes. Voilà. Oui, Sam avait un super appareil, des super objectifs, des connaissances très poussées en technique photo, mais le résultat était objectivement indigne d’intérêt, et comme souvent dans ce cas, doté de longs titres pompeux (tu sais, un peu comme dans les mariages où tu lis dans le menu « Prince des Rivières du Nord », pour le pavé de saumon Picard).

Ce que faisait Sam, c’était de la recherche tout au plus, ce qui est intéressant dans un sens, mais certainement pas à la hauteur de ses prétentions de l’époque. Parce que c’est bien là le problème, la prétention, le manque d’humilité.

Sam aimait l’étiquette « photographe ». Il aimait impressionner, donner des conseils, avoir ce statut particulier de mentor. Sam était un étudiant comme nous tous, et comme beaucoup  d’étudiants qui entrent en école de cinéma, il voulait être au taquet techniquement. Sans trop se questionner sur sa propre valeur artistique ou ce qu’il avait à proposer au Monde.

Ayant par la suite découvert que des photographes bons en technique et bien équipés, il y en a des dizaines de milliers, Sam est passé à autre chose, un peu amer.

Sam n’était pas un mauvais, il nous avait gonflés tout au plus. Il rêvait de photo et en a fait beaucoup. Puis, il a laissé tomber, parce qu’il n’arrivait pas à se dépasser dans ses visions de « reportage ». Il s’est lassé lui-même.

 

Une super technique, et du matériel photo dernier cri, ça ne suffit pas à faire un bon photographe

La plupart des photographes qui font des tutoriels aujourd’hui, ne font pas grand-chose d’autre. Ils sont souvent plus techniques qu’artistes.

La photographie est un art et une science technique. On peut être technicien ou artiste. Rarement les deux. Rarement. Mais quand cela arrive, cela fait toute la différence.

Maîtriser les deux aspects est bien sûr le top pour faire un travail particulièrement remarquable. Maîtriser la technique uniquement vous amènera souvent à faire des photos corporate, si vous avez de la chance. Même un photographe de reportage trouvera bien utile d’apporter une dimension artistique, même infime, à ses photos.

Avoir acheté et continuer d’acheter régulièrement des panoplies de « ce que vous pensez être le meilleur matos« , pour citer Annie Leibovitz, ne fera pas de vous un meilleur photographe, de la même façon que le meilleur piano du monde ne fera pas de vous le meilleur pianiste.

Ce qui fait le photographe artistique est sa vision. Sa vision des choses, des gens. Ce qu’il a envie de montrer. Et cela est intimement lié à qui il est. Le matos photo n’est qu’un outil. Ellen von Unverth utilisait un Mamiya 645 en 1999 pour raconter ses histoires.

Mettez l’outil entre les mains de quelqu’un qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, et vous aurez au mieux des photos bien exposées et bien nettes d’un sujet banal (et encore… un artiste sait rendre magique les choses banales). Mettez-le entre les mains d’un expérimentateur, et vous aurez une énième photos de rivières à temps de pose long, ou un ciel noir cerclé du parcours des étoiles (sympa la première fois qu’on en voit, mais terriblement ennuyeux après des années). Mettez-le entre les mains de quelqu’un qui se cherche et vous aurez des curiosités plus ou moins intéressantes. Mettez-le entre les mains de quelqu’un d’unique, créatif, à la pensée libérée et à la technique solide, et The Magic Happens.

angelina jolie leibovitz materiel photo

© Annie Leibovitz – Angelina Jolie

Ce que je viens de citer n’est-il pas un cheminement classique du photographe, de la découverte à l’art?

Dans sa master class, Annie Leibovitz explique qu’elle n’attache pas d’importance au matos. Que la photo est un art de la lumière et d’humanité, et que seul l’expérience compte.

« It is not about the gear but about the person behind the camera. »

En 45 ans de carrière, elle a travaillé sur les appareils suivants, pour exemple :

• Mamiya RZ67
• Hasselblad 500 C/M
• Minolta SRT-101
• Nikon D810
• Fuji 6×9 medium format camera  (a.k.a. The ‘Texas Leica’)
• Canon 5D Mark II

Elle s’en fout du matos, ce n’est pas ce qui fait le résultat final de ses œuvres. C’est son regard. Sa maîtrise de l’instant. Son sens du contact. Sa sensibilité. Ses photos fascinent parce que sa sensibilité fascine.

Elle explique qu’elle aime travailler léger, avec une ou deux lumières portables sur batterie et des réflecteurs.

L’infâme Terry Richardson lui, a travaillé longtemps avec un Yashica T4 Super D :

Yashica T4 Super D terry richardson

 

Mon premier appareil photo reflex était un  Canon EOS 400D. Il a duré des années, et je l’utilise encore parfois parce que j’apprécie son format. J’ai, grâce à lui, pu composer un petit portfolio à montrer en entretien pour entrer en école de cinéma. Ce portfolio comprenait aussi des photos prises avec un simple compact !

Puis, pendant mes études, j’ai gagné un Canon EOS 60D à un concours organisé par une grande marque masculine, avec cette photo :

canon eos 400D

 

Je pense que je n’aurais pas changé d’appareil si je n’en avais pas gagné un nouveau.

À cette époque, les nouvelles gammes offraient une vraie différence (10 ans avant ça, la photo numérique n’existait pas encore pour le grand public). Plus d’ISO, plus de pixels… J’ai reçu le Canon 60D il y a 12 ans maintenant, et je l’utilise toujours. Il est largement suffisant. Je pense changer bientôt pur avoir quelque chose de plus pratique et rapide à configurer et à utiliser, genre écran tactile et wifi intégré pour visionner les photos studio en direct sur tablette (j’ai des mauvais souvenirs d’appareil relié à l’ordi portable via fil, le tout ramant à mort). Je suis aussi tentée par un moyen format numérique.

L’essentiel et d’adapter le matériel à ce que vous souhaitez faire, et non de vouloir à tout prix les plus grandes performances sur tout.

J’ai également un Mamiya 645 (argentique) datant d’entre 1975 et 1987, que j’ai pu trouver par petites annonces. Pour varier les plaisirs et aussi pouvoir travailler en moyen format

 

 

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En vérité, j’ai plusieurs argentiques de plusieurs époques, pour mon plaisir.

Vous pouvez commencer à découvrir votre cadrage et votre style avec un bridge ou un compact. C’est la première étape. Inutile d’acheter un appareil photo reflex de suite, si vous ne savez pas cadrer et trouver des sujets.

photo portrait avec mobile iphone samsung photographie

 

Puis, ensuite, vous serez prêt à apprécier l’ampleur des possibilités et réglages photo avec un reflex, même si celui-ci est de seconde main et qu’il date d’il y a 10 ans.

Vous pouvez même découvrir la technique photo avec un argentique des années 70. Au moins, vous apprendrez à la dure le principe ouverture/vitesse, focale et profondeur de champs, et peut-être même….. le plaisir de développer vous-même vos films et tirer vous-même vos photos. Et ça, c’est un savoir-faire très gratifiant.

Multiplier les appareils, objectifs, filtres et autre, si vous en avez les moyens, est très bien pour apprendre, comprendre, faire de la recherche, essayer des choses. C’est comme ça qu’on apprend, en essayant, testant… Mais ne pas pouvoir acheter tout ça ne doit pas vous décourager dans votre quête. Et que leur compact « faisait tout aussi bien »

Je connais plusieurs personnes, non professionnelles, qui ont dépensé beaucoup d’argent et d’énergie à chercher et s’offrir ce qu’elles pensaient être le meilleur matos, pour finalement se rendre compte que les photos de leurs enfants ou du Mont Blanc ne valaient pas le coup.

Faire des photos qui vous émeuvent  ne nécessite pas d’avoir le matériel dernier cri, et si vous ne pouvez pas vous offrir grand-chose, vous réussirez tout de même à exprimer votre vision et votre art avec un minimum de matériel. Comme ce fût le cas pour les réalisateurs de vieux films que l’on regarde encore aujourd’hui, des décennies après.

Et aujourd’hui, savais-tu que des plans de films tels que Avengers, Black Swan, Elysium … ont été tournés avec des Canon 5D Mark II? Il faudrait être à côté de la plaque pour croire qu’il faut au minimum une caméra RED pour pondre une oeuvre. Il y avait aussi dans mon école ce genre de Sam, version ciné. Sam2 avait réussi à emprunter une RED pour son projet. Mais son scénario était nul, et ça a fait un plouf.

Le scénario est aussi très important dans une photo. Même une photo de vacances.

La façon la plus honnête de faire un film, est de faire un film pour soi-même.

Peter Jackson

C’est pareil pour la photo.

Vos photos sont vos yeux, pas votre matériel. Travaillez sur vous-même, à vous libérer, à regarder, à observer, à dire aussi. Et vos photos n’en seront que plus spéciales.

« It is not about the gear but about the person behind the camera. »


Voici un article positif et sympathique, qui motivera les débutants : Tout le monde peut prendre de belles photos, par Gus Le Gus

MindFood

La blessure des Mi’kmaq, peuple indigène du Canada – pourquoi l’annulation de « Anne with an E » nuit aux spectateurs indigènes

27 avril 2020
anne with an e kakwet mikmaq peuple indien canada indigènes

La série Anne with an E sur Netflix, que j’ai beaucoup appréciée pour le voyage introspectif qu’elle m’a offert,  m’a aussi fait découvrir le peuple Mi’kmaq (ou Mi’kmaw) au travers de quelques personnages à l’histoire bouleversante, dans la saison 3. Les Mi’kmaq sont le peuple indigène du Canada. Ils étaient là il y a 10000 ans. Aujourd’hui, ils sont moins de 60000 et leur histoire ressemble tristement à celle de tous les peuples indigènes victimes de la colonisation et évangélisation chrétienne.

Je ne me suis jamais vraiment intéressée à l’histoire du Canada, et c’est donc via Anne with an E que j’ai donc entendu  parlé, pour la première fois, du peuple Mi’kmaq (ou Mi’kmaw) au travers du destin de quelques personnages, dans la saison 3. Plutôt horrifiée, j’ai voulu faire quelques recherches sur le sujet et je suis tombée sur l’excellent article de Lydia, 25 ans, qui est elle-même à moitié Mi’kmaq. Elle a écrit sur Medium un article intitulé ;

« Anne with an E’s cancellation is damaging to Indigenous viewers »

en français : « L’annulation de Anne with an E nuit aux spectateurs indigènes. »

Titre qui m’a beaucoup intrigué. En effet, Anne with an E, qui a été fini un peu trop tôt par Netflix, a bien ficelé la fin de saison en ce qui concerne les personnages principaux, mais pas vraiment les secondaires.

Je n’ai pas regretté de lire les si intelligentes lignes de Lydia, elles mettent des mots sur un sujet difficile, mieux que personne. Elles sont aussi une mine d’informations précieuses que nous, français et autre non-canadiens soupçonnions à peine. Le pire étant bien sûr que beaucoup de Canadiens ne les soupçonnaient pas non plus. La production de Anne with an E a fait ce que peu osent faire : montrer avec réalisme la partie dégueulasse de l’histoire de son pays , celle où on forçait les « sauvages » à se convertir et à s’assimiler, avec une préférence pour les enfants, malléables, afin de la sauver de leurs parents, considérés, eux, comme foutus.

Un vrai viol psychologique qu’encore aujourd’hui beaucoup refusent à voir en tant que tel.  Anne with an E se déroule vers 1900, et pourtant, 120 ans plus tard, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec ces camps de « guérison », qu’on trouve aux US ou ailleurs, pour jeunes homosexuels.

Avec l’aimable autorisation de Lydia, voici son article traduit en français :
 


« L’annulation de Anne with an E nuit aux spectateurs indigènes. »

La série historique produite par CBC/Netflix, Anne with an E, a été annulée après l’introduction de personnages indigènes, mettant en vedette une famille Mi’kmaw, vivant hors de la communauté factive d’Avonlea, sur l’Île du Prince Edouard.

J’ai commencé à regarder Anne with an E  après avoir été informée que la série ajoutait des personnages Mi’kmaq à la 3ème saison. Ce que je savais de la série se limitait à  «c’est basé sur Anne of Green Gables» (Anne, la maison aux Pignons Verts en français).

La seule et unique raison pour laquelle j’ai commencé à la regarder, c’est parce qu’en tant que Mi’kmaq, je n’avais jamais vu de mon peuple dans une émission de télévision / série grand public auparavant. J’avais plein d’aprioris et je me préparais au pire… pour être, au final, agréablement surprise, à ma grande joie.



De réels indigènes d’Amérique du Nord pour les rôles Mi’kmaq

Pour commencer, Anne with an E a tenu à prendre de réels indigènes pour les rôles, et a spécifiquement mis en garde contre les « Hollywood Race Fakers » lors de l’appel au casting.

DOIT ÊTRE CANADIEN. Acteurs réguliers pour série, autochtones, AUTOCHTONES DOIVENT VRAIMENT ÊTRE AUTOCHTONES: OUVERTES À TOUTES LES PREMIÈRES NATIONS, LES AMÉRICAINS AUTOCHTONES, LES MÉTIS ET LES INUITS.
Anne with an E, casting pour Ka’kwet

C’est malheureusement trop rare à voir, mais c’est la preuve qu’il y a eu un effort pour construire un casting de manière respectueuse et responsable. Entendre cela m’a fait baisser ma garde et je suis contente de l’avoir fait. (La renommée de Brandon Oakes *père de Kak’wet dans Anne with an E) de Rhymes for Young Ghouls a certainement aussi aidé.)

 

Un soin particulier à représenter la culture Mi’kmaq

Là où Anne with an E excelle plus que d’innombrables séries sur les colons qu’on a vu jusque là, c’est le soin et le respect mis à représenter les peuples qu’ils utilisent dans leurs histoires. Tous les détails comme la langue, qui coule bien et de manière informelle, au lieu d’une rigide traduction de dictionnaire (excusant certains mélanges de prononciation), comme les vêtements qu’ils portent tels que le chapeau à pointe d’Oqwatnuk, comme les gens qui retournent dans leur camp avec des anguilles fraîchement pêchées en arrière-plan, comme l’incorporation de la Honour Song dans la bande originale … Tout cela montre bien le réel effort fait pour l’exactitude.

Moira Walley-Beckett, la productrice, a réellement impliqué les Mi’kmaq dans le processus de création. Cela fait d’Anne with an E un maillon incontournable dans les progrès grandissants de l’inclusion des Autochtones à la télévision.

Kiawenti:io Tarbell kakwet anne with an e

Kiawenti:io Tarbell dans le rôle de Ka’kwet

Ceux qui connaissent bien la série savent qu’on y trouve des lignes de scénarios plus sombres et des représentations brutalement honnêtes de choses comme la misogynie, le cissexisme et le racisme.
La saison 2 a été saluée par la critique pour avoir ouvert le monde d’Anne à la diversité présente dans l’histoire du monde réel, avec les expériences positives et négatives de l’époque. Il n’est pas surprenant que la même chose fût faite pour les Mi’kmaq d’Epekwitk.

Et cela commence avec Anne qui se lie d’amitié avec sa nouvelle « âme-soeur », Ka’kwet.

On plonge ensuite rapidement dans l’une des facettes les plus sombres de l’histoire canadienne.

 

Le système des pensionnats indiens, camps pour enfants Mi’kmaq

Historiquement parlant, le pensionnat Shubenacadie (également connu sous le nom de «Shubie») en Nouvelle-Écosse n’a ouvert ses portes qu’en 1930; soit, 31 ans après l’époque de la saison 3 d’Anne avec an E. À l’échelle nationale, cependant, des pensionnats fédéraux ont existé entre la Confédération en 1867 et 1996.

Dans le monde d’Anne, la famille de Ka’kwet est amenée à envoyer sa fille dans un pensionnat indien sans nom en Nouvelle-Écosse, avec la promesse que cela illuminera son avenir. Comme des milliers d’enfants autochtones de la Province des Maritimes, elle est envoyée dans un équivalent de Shubenacadie, où la vraie question est d’avoir un avenir tout court.

Les pensionnats indiens peuvent être un sujet difficile pour les peuples autochtones. Les colons partageant le fardeau de décrire cette histoire sont appréciés lorsqu’ils le font avec honnêteté. Le scénario de Ka’kwet dans Anne with an E  est une histoire grave et importante à raconter, qui donne aux téléspectateurs non autochtones du Canada et de l’étranger un aperçu du passé crapuleux de notre pays, peut-être pour la première fois … dans les limites imposées à une émission diffusée sur CBC , bien sûr.

On y voit Ka’kwet dépouillée de son nom, de sa culture, de ses cheveux. Nous la voyons, ainsi que les autres enfants, victimes de violence émotionnelle, verbale et physique. On nous fait même allusion aux meurtres, étant donné que les fusils montrés ne sont évidemment pas portés uniquement pour l’apparence. Nous ne voyons aucun meurtre réel, ni agression sexuelle, ni maladie, ni négligence, ni expérimentation médicale… mais il suffit de peindre très clairement le tableau, sans devenir trop graphique.

pensionnat indien canada mikmaq

« Cette scène m’a tellement brisé le coeur. Ils lui ont donné un nouveau nom, coupé ses belles tresses, puis ont enfermé et abusé ces pauvres enfants, et je n’y arrive. Ce qui est arrivés aux enfants des natifs Canadiens dans les années 1800 n’est pas quelque chose dont j’ai beaucoup entendu parler, et je vais définitivement me renseigner sur le sujet. »

 

Les spectateurs étaient frustrés que d’autres personnages ne fassent rien ou ne connaissent pas cette atrocité, illustrant le point même; ceux qui s’en souciaient ne savaient pas ou étaient impuissants, et ceux qui s’en moquaient étaient soit des facilitateurs, soit des contributeurs au système abusif.

Ces réactions de fans non natifs sont la preuve de l’efficacité de l’écriture et du jeu d’acteur, pour enseigner à travers la narration. Mais voici le truc: les fans indigènes ont aussi regardé. Et à l’ère des politiciens qui lancent les mots Vérité et Réconciliation tout en continuant à suivre les mêmes chemins que leurs ancêtres coloniaux, nous n’avions pas besoin d’une autre histoire sur la douleur et la souffrance autochtones.



Nous avons besoin d’une histoire sur la résilience et la convalescence autochtones.

anne with an e kakwet mikmaq histoire racisme stress post traumatique évangélisation

Ka’kwet s’échappe dangereusement de l’école et a même la chance de retrouver brièvement sa famille. Le 9ème épisode s’ouvre sur une démonstration de son PTSD blessant également ses jeunes frères et sœurs; elle ne sait plus comment interagir avec eux, répétant ce qui lui a été dit. (La préface du traumatisme intergénérationnel.)

La performance de Kiawenti:io Tarbell est incroyablement brutale lorsqu’elle demande à sa mère pourquoi elle est née. Cette douleur est-elle réaliste? Oui. Il serait extrêmement irréaliste que Ka’kwet ne soit pas déroutée par l’épreuve qu’elle a traversé. Est-ce-que sa « capture » pour être ramenée directement à l’école, malgré ses protestations et celles de ses parents, est, elle aussi, réaliste? Malheureusement, oui, aussi.

L’argument ici n’est pas que l’écriture soit inexacte ou irréaliste. L’argument est que s’il est bien beau d’enseigner le traumatisme, il est tout aussi important, sinon plus, d’enseigner la guérison qui vient après. Qu’il peut y avoir une lumière au bout du tunnel. Qu’il peut y avoir une résolution.

 

Sebastian «Bash» Lacroix (Dalmar Abuzeid), un immigrant trinidadien introduit dans la saison 2, a du mal à trouver sa place sur l’Île-du-Prince-Édouard, quand si peu l’acceptent dans la communauté très blanche d’Avonlea. Il trouve finalement «the Bog» où il y a d’autres « Black Islanders », et finit par épouser l’amour de sa vie, devient propriétaire d’une ferme avec son ami fraternel. Les problèmes de Bash ne sont pas tous résolus, mais il obtient une résolution dans son scénario.

 

Cole Mackenzie (Cory Grüter-Andrew), un camarade de classe gay d’Anne, également présenté dans la saison 2, est intimidé par ses pairs et par les adultes, se sentant seul au monde. Il apprend finalement l’existence d’une communauté LGBT+ non-dite et beaucoup plus grande qu’il ne le pensait. Il finit par être recueilli par Josephine Barry (Deborah Grover), la lesbienne locale, âgée et riche, dispensaire d’amour et de sagesse. Les problèmes de Cole ne sont pas tous résolus, mais il obtient une résolution de son scénario.



Pas de guérison pour le peuple Mi’kmaq

Où est le dénouement de Ka’kwet? Où sont sa mère et son père? Leur voyage de guérison? Il n’y en a pas. La saison se termine avec Ka’kwet toujours détenue, pour ne pas mâcher mes mots, faisant allusion à une partie de l’histoire à raconter.

Dans leur déclaration commune, les services de diffusion / streaming ont déclaré: «Nous espérons que les fans de la série adoreront cette dernière saison autant que nous, et que cela apportera une conclusion satisfaisante au voyage d’Anne».

Ils ne disent rien du voyage cauchemardesque de Ka’kwet, coupé court. Faute de ne rien dire de plus, le message laissé à comprendre est un manque de responsabilité quant à cette décision.

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Dana Jeffrey & Brandon Oakes dans le rôle des parents de Ka’kwet

Raconter une histoire comme celle d’un tel pensionnat induit une responsabilité. C’est encore une plaie ouverte pour beaucoup, et comme toute plaie ouverte, elle doit être traitée avec une approche délicate. Anne with an E a travaillé dur pour établir une confiance entre la série et un public autochtone, de la conception du scénario à la mise en œuvre. Le traumatisme de Ka’kwet et le chagrin de sa mère et de son père sont douloureux à regarder, mais parfois un peu de douleur est nécessaire pour nettoyer une plaie avant de la coudre. Il n’y a cependant rien de délicat ou de responsable à irriter une plaie, puis à attendre que les revenus arrivent, hors de la souffrance autochtone, sans donner la guérison autochtone. C’est une trahison de responsabilité, de confiance et de ce doux mot – il faut se demander si les colons en connaissent même le sens: réconciliation.

Bien que la réconciliation devrait être dans l’esprit de tous les Canadiens, elle devrait surtout être une priorité pour les personnes en position de pouvoir. Le contrôle des médias, quelle que soit leur taille, est le pouvoir, et la réconciliation ne se résume pas à nous rappeler tous les traumatismes de nos peuples. Il ne sert à rien de s’attaquer aux traumatismes si ce n’est pour inspirer force et guérison. S’il n’y a pas de guérison, il n’y a pas d’espoir.

anne with an e kakwet mikmaq indigenes autochtones canadiens

Lorsque Ka’kwet et Anne se présentent l’une à l’autre pour la première fois, Ka’kwet dit à Anne la signification de son nom mi’kmaq : « Étoile de mer ». La réponse d’Anne : « Étoile de mer? Tu dois être très résiliante. «  C’est le genre d’indice scénaristique que l’on peut attendre du travail de Moira Walley-Beckett.

Quelle honte maintenant, que la CBC et Netflix aient décidé que Ka’kwet ne méritait pas une chance d’être à la hauteur de son nom et que les téléspectateurs autochtones ne méritaient pas que cela se produise.

 

My world

Anne with an « E » : retrouver Anne Shirley à l’âge adulte

22 avril 2020

Bien que je ne sois plus une adolescente, j’ai aimé Anne with an E. J’ai trouvé que la série s’adressait à tous les âges, bien qu’elle s’adresse aux adolescents, pour peu qu’on fasse l’effort de se conditionner un peu à la regarder. Je connaissais Anne Shirley Cuthbert depuis mon enfance grâce aux téléfilms canadiens avec Megan Follows, Anne… la maison aux pignons verts  (Le Bonheur au bout du chemin en France), vaguement trouvables en DVD sur Amazon. Téléfilm qui date de 1985 et que j’avais vu dans les années 90. Un peu old school du coup. Il était temps que cette fabuleuse histoire profite des merveilleux scénaristes et équipes de tournages dont on dispose depuis quelques années.

J’étais plutôt ravie que Netflix produise une série sur Anne, et redonne un souffle moderne à mes souvenirs d’enfance. Car Anne m’avait beaucoup marquée. Elle fait partie des modèles qui m’ont inspiré, et elle est toujours présente quelque part. Aussi, l’Île du Prince Edouard méritait enfin des plans HD à couper le souffle.

Anne des Pignons Vert m’a touchée pendant mon enfance, et Anne with an E m’a également touchée en tant qu’adulte.

 

Pour ceux qui ne connaissent pas Anne of Green Gables

De son nom original, il s’agit à la base d’une œuvre littéraire de Lucy Maud Montgomery, datant de 1908. Considéré comme une histoire pour enfants pendant longtemps, parce que l’héroïne en est une au début de l’histoire, et parce que le sexe est absent, je trouve pourtant qu’on y trouve des thématiques subtiles et profondes.

Ces romans ont été édités en France par Hachette dans la collection « bibliothèque verte ». Aujourd’hui on les trouve facilement sur Amazon en français. Les couvertures sont horribles en passant 😀 , j’espère donner une autre vision de l’œuvre dans cet article.

Ce qui se cache derrière le titre enfantin de Anne of Green Gables est l’histoire d’une enfant abandonnée et maltraitée en orphelinat, qui va être recueillie par erreur par un couple de frère et soeur agés, les Cuthbert, qui ne se sont jamais mariés. « Par erreur » parce qu’à la base, ils souhaitaient « adopter » un garçon pour aider à la ferme des Pignons Verts (Green Gables), comme cela se faisait beaucoup à cette époque. Mais c’est Anne qui arrive chez eux, enchantée, avec son visage disgracieux et ses nattes rousses. Anne vit dans un imaginaire onirique et littéraire sans limite, qu’elle s’est construit pendant ses années à l’orphelinat. Les Cuthbert, et surtout Marilla Cuthbert, souhaite la faire retourner à l’orphelinat, mais, comme son timide frère, Matthew Cuthbert, elle va rapidement tomber sous le charme de cette enfant super-sensible, qui apportera à leur vie, la facette lumineuse qu’ils n’avaient jamais connue jusque là. À partir de ce moment, commencent les aventures d’Anne à Avonlea : l’école, où il est difficile de se trouver une place lorsqu’on a un physique atypique et qu’on est sans parents, les passions, les projets, les premiers amours, les combats sociaux, dans un environnement post-colonial ou la patriarchie règne encore en maître. Le destin d’Anne est grand, dans une époque où l’on souhaite que les femmes, et surtout les femmes de la campagne, soient petites.

Anne of Green Gables est un témoignage précieux de cette époque canadienne, de ses moeurs, de ces combats.

anne shirley cuthbert matthew marilla

Anne, Marilla et Matthew Cuthbert

 

Anne est pour moi intemporelle

Et pour bien des gens aussi, j’ai l’impression, puisque Netflix l’a dépoussiérée. Cela a été une piqûre de rappel pour moi, et j’ai pu renouer avec mon Anne intérieure. Car Anne, est un peu l’enfant que nous étions tous avant qu’on nous bride.

En première lecture, Anne of Green Gables est une aventure pour « jeune personne » et un plongeon dans le Canada du début du XXème siècle.

À un second niveau de lecture, on comprend qu’Anne est l’enfant qui est en chacun de nous. Celui qui ne demande qu’à s’épanouir, que l’environnement soit bon ou mauvais. Celui qui veut se réaliser et qui le fera, en gardant ses valeurs malgré les pressions conformistes sociales.

Puis enfin, dans la plus profonde interprétation, on se rend compte que l’histoire d’Anne évoque un concept très avant-gardiste encore aujourd’hui, celui de la pensée créatrice. Dans un environnement froid, vide et triste, Anne crée du merveilleux, en le désirant. Elle imagine si fort que du sublime finit par apparaître. Anne a un pouvoir de transformation des choses par l’imagination, que nous avons tous, mais que nous oublions en devenant adultes parce que cela été ridiculisé pour la plupart d’entre nous lorsque nous grandissions. Anne crée un monde émotionnellement et esthétiquement complet dans lequel elle a toujours rêvé de vivre, et y attire les autres, les transformant également. La vision du monde des autres personnages est également modifiée grâce à la vision d’Anne. Le plus beau étant l’influence d’Anne sur sa mère adoptive.

 



 

Anne with an E sur Netflix, une pause précieuse dans un monde qui va mal

Les aventures d’Anne Shirley reviennent sur Netflix au moment où le monde avait justement besoin d’une bouffée d’air frais, de romantisme vrai, celui qui se place dans la beauté des peupliers, plus que dans les relations amoureuses, celui qui se trouve dans notre façon de voir le monde dans les moments de solitude.

Romantisme… Anne Shirley en est sa complète définition ;  « une volonté d’explorer toutes les possibilités de l’art afin d’exprimer ses états d’âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l’évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l’exotisme et le passé, l’idéal ou le cauchemar d’une sensibilité passionnée et mélancolique.  »

Lorsque je vivais à Paris, enfant, ces aventures sur l’île du Prince Edouard étaient comme un idéal inaccessible, et je pensais qu’un tel romantisme ne pouvait exister qu’à la campagne. Aujourd’hui, je vis à Wellington et cela n’est pas un hasard. À tout moment du jour ou de la nuit, je peux sortir de chez moi et être en 5 minutes entre les arbres natifs et la mer, à profiter du vent frais. Je suis venue à cet idéal que je recherchais depuis toujours.

Cet aspect, le féminisme de l’histoire ainsi que l’image léchée des plans, donne l’impression d’une série pour filles. Est-ce-que ce genre de considération existe encore ? Selon moi non, l’époque des voitures pour les garçons et les poupées pour les filles étant révolue.

 

La production Netflix est une réussite

Elle ne respecte pas vraiment « la vraie histoire » tirée du livre, ce qui généralement me gêne, mais fait tellement justice au personnage d’Anne dans toutes ses dimensions que c’en est vraiment appréciable. À vrai dire, je suis reconnaissante de voir un autre type de trame pour Anne.

La série est en HD, avec une photographie superbe, tournée sur l’Île du Prince Edouard, rendue célèbre grâce aux romans et à son village fictif d’Avonlea.

Sur 1 889 jeunes filles, c’est l’actrice Amybeth McNulty qui a été choisie pour interpréter le rôle d’Anne Shirley, « pour sa capacité à disposer d’un dialogue incroyablement épais, dynamique et beau », selon Miranda de Pencier (productrice), et on voit de quoi elle parle très rapidement. C’est un soulagement, à notre époque, de voir une actrice pareille, si jeune, tenir le rôle de cette façon, quand en 1985, Anne Shirley avait une frimousse trop mignonne pour le rôle, et les cheveux teints en roux.

Amybeth McNulty

 

Tout le casting a été savamment choisi, des physiques atypiques et justes, des jeux d’acteurs naturels et poussés. La production a même pris le parti d’intégrer à l’histoire le peuple indigène Mi’kmaq et la façon dont les colons les ont traité à cette époque, tabou que bien des séries se gardent bien d’aborder.

J’ai récemment regardé la 3ème saison, sans me douter, que ce serait la dernière. Et la meilleure. En effet, rien ne laissait présager qu’après ça ce serait fini. Sauf dans le dernier épisode, qui a été géré à la perfection comme un final, improvisé on dirait. Cela a été un nuage pendant mon confinement à Wellington, et a ajouté de précieuses facettes à l’introspection qui découlait de cette période.

Je suis, comme de nombreuses personnes, très déçue de savoir qu‘il n’y aura pas de saison 4 (en voici les tristes raisons). En effet, les aventures d’Anne with an E ne s’arrêtent pas là et il y avait encore beaucoup à raconter. Mais bon, voilà une œuvre en 27 épisodes qui aura eu beaucoup d’impact sur ma  psyché et qui se sera concentrée sur le passage à l’âge adulte d’Anne Shirley Cuthbert.

Et n’est-ce pas là la plus merveilleuse et étrange des périodes?

Pour l’instant, on peut trouver la saison 1 et 2 en coffret DVD, j’attendrai le coffret complet, car je pense que la série ne sera pas disponible éternellement sur Netflix.

Ah et en passant, regardez en VOST, c’est tellement mieux 🙂