Nouvelle-Zélande

Nouvelle-Zélande : apprendre à vivre avec le risque de tremblement de terre

7 juin 2020

La Nouvelle-Zélande est similaire au Japon en ce qui concerne les tremblements de terre : ce sont des îles placées sur la « ceinture de feu », à la limite des plaques tectoniques de l’Australie et du Pacifique. On y enregistre jusqu’à 15 000 séismes par an.

Mais seulement entre 100 à 150 à travers le pays sont assez forts pour être ressentis.

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Ceinture de feu, « Ring of Fire »

En venant vivre en Nouvelle-Zélande, nous savions que nous allions dans un pays à risque de séismes. Nous avons exclu Christchurch, et de toute façon, nous voulions vraiment être à Wellington. Wellington nous rassure, et comprend beaucoup de zones protégées des tsunamis.

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Les zones à risque sont indiquées, on trouve aussi des consignes sur le sol

Notre première expérience de tremblement de terre

Très vite après notre arrivée à Wellington, en 2017, nous avons expérimenté un tremblement de terre puissant, alors que nous étions chez nous dans le suburb de Karori. Mon homme était assis sur le canapé, et moi à même le sol. À cause de ça, j’ai ressenti le tremblement jusque dans mes os. Il a duré 10 secondes qui ont semblé interminables, la secousse a été très forte (environ 5.8). Les chats ont super flippé et sont partis se cacher au sous-sol.

Depuis celui-là, nous avons vécu d’autres tremblements de terre, pas aussi forts que celui-là, mais suffisamment pour que notre cœur s’arrête le temps que ça passe. Souvent, on sent un léger tremblement de quelques secondes. Et puis plus rien. D’autres fois, on le sent venir, comme un gros camion qui arrive au loin dans notre rue, et qui s’intensifie.

Tout s’arrête dans ces moments-là car on se demande jusqu’où ça va aller.

 

Christchurch, le tremblement de terre qui a traumatisé la NZ

En février 2011, Christchurch, environs 340 000 habitants, a connu un tremblement de terre de magnitude 6.5 qui a littéralement détruit la ville.  C’est le glissement d’une faille de 8×8 km (considérée de petite taille) sur 1,6 m qui a été fatal. Je me rappelle être venu en voyage sur l’île du Sud, quelques mois après. C’était une ville rasée. Le séisme a fait 65 morts trouvés le jour J, bilan qui est monté à 166 les jours suivants. Environs 2000 blessés en tout. 10000 bâtiments ont été touchés et 50% ont été abandonnés.

En 2016, Kaikoura, aussi sur la côte Est de l’île du Sud, a connu un tremblement de terre de magnitude 7,8. Cela a été la deuxième secousse plus puissante jamais enregistrée dans le pays. Elle a même fait des dégâts jusqu’à Wellington, qui est à  156 km de là.

La Nouvelle-Zélande ne peut et ne sera jamais tranquille niveau séismes.

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Christchurch détruite. Photo de l’article « How the Christchurch Earthquake Made Us Better« 

 

Les Néo-zélandais vivent tranquillement avec le risque de séisme

Je ne dirais pas que les Néo-zélandais vivent dans la peur, ni qu’ils s’en fichent complètement. C’est assez spécial.

À Wellington par exemple, on sent plusieurs tremblements de terre par an. Est-ce-que les gens, depuis tout ce temps, ont construit des bunkers ou autre ? Non. La majorité des maisons sont en bois, matière souple et résistante en cas de séisme, et les  logements récents sont souvent aux normes concernant les séismes, mais c’est encore rare. L’immobilier en Nouvelle-Zélande est encore très vétuste pour le moment.

Cependant, lorsqu’un tremblement de terre arrive, les gens sautent sur leur téléphone pour le signaler : nous avons tous l’application GeoNet installée. Geonet est le service néo-zélandais de surveillance sismique, ses fonctions sont aussi disponibles sur leur site web. L’application permet d’avoir des infos immédiatement sur ce qui vient de se passer, et aussi de signaler lorsqu’on ressent un séisme.

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Les gens en parlent de suite sur les réseaux sociaux pour savoir qui a ressenti quoi, et se rassurer. Mais, globalement, personne n’en fait un fromage.

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Les gens communiquent beaucoup sur les groupes Facebook de leur suburb

Il y a l’EQC en Nouvelle-Zélande, la Earthquake Commission, une institution gouvernementale qui investit dans la recherche, l’éducation concernant les séismes, et surtout qui offre une assurance aux Néo-Zélandais. L’assurance « séisme » est généralement comprise dans les assurances qui incluent les dégâts liés au feu.

À Wellington, il n’est pas rare de voir des lieux publics fermer temporairement (ou définitivement) parce que suite à un contrôle, des ingénieurs ont estimé que cette année ils n’étaient pas aux normes ou que cela représentait trop de risques. C’est le cas du plus grand cinéma central, et même de la plus grande bibliothèque de Wellington.

Le Reading Cinema avait d’ailleurs eu son parking détruit en 2016 par le tremblement de Terre de Kaikoura… oui, celui-là même dont l’épicentre était sur l’île du Sud.

D’ailleurs la plupart des séismes que l’on ressent à Wellington, ont pour épicentre des lieux assez lointains. Pendant les éruptions volcaniques et donc séismes de White Island en 2019, on ressentait régulièrement de toutes petites secousses courtes à Wellington.

 

Jacinda Acern, stoïque pendant un impressionnant séisme

Récemment, la Prime Minister Jacinda Acern a expérimenté un séisme en direct du Beehive, et sa réaction a fait le tour du monde :

Je trouve que son attitude représente bien l’attitude générale : on vit avec, on a l’habitude, on sait qu’il y a 95% de chance que ce ne soit qu’une petite secousse de passage.

Cependant, dans le fond, les gens sont prêts au pire. Ils sont éduqués au pire aussi : je n’ai aucun doute concernant le fait que les Néo-zélandais sauront se comporter avec civilité et solidarité en cas de gros pépin.

C’est sûrement le prix à payer pour vivre au paradis, et personnellement, vivre avec les séismes est bien plus facile que vivre avec tous les aspects négatifs de Paris, que je ne supportais plus.

En passant : vous pouvez expérimenter un faux tremblement de terre au musée Te Papa de Wellingon, dans un petit salon artificiel, et avec divers degré de magnitude. C’est assez ressemblant. L’entrée de Te Papa est gratuite, et cette exposition permanente aussi, à ne pas rater. L’exposition s’appelle Te Taiao / Nature.

Ne rater pas non plus :  l’exposition permanente et gratuite de Te Papa : Blood Earth Fire, qui  relate avec une rare honnêteté le côté sombre de l’histoire de la Nouvelle-Zélande (guerres, destruction de l’habitat, des animaux natifs…), choses qu’on ne voit pas dans les documentaires Arte.

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2 Comments

  • Reply Roxane 31 août 2020 at 15 h 35 min

    Salut et tout d’abord, je tiens à te dire que je suis tombée sous le charme de tes articles que j’ai trouvé complètement par hasard (je cherchais la sortie de la saison 4 de Anne with an E… :(…).
    Merci aussi pour tes articles sur la NZ qui me rappelle la plus belle année de ma vie ! 🙂 Pour ma part, je ne suis pas restée très (assez) longtemps sur Welly mais c’est là-bas que j’ai vécu un tremblement de terre (léger) et n’en ayant jamais connu auparavant, je dois admettre que cela fait vraiment un drôle d’effet ! Quant à Christchurch, j’y ai vécu plusieurs mois sans jamais m’inquiéter mais la ville était encore bien abîmée et on ressentait bien les énormes séquelles qu’avait vécu la ville durant le séisme. J’ai tout de suite cru à une ville d’après guerre lorsque j’y suis arrivée, ça faisait tellement mal au coeur…
    Enfin, tout comme toi, pour moi, malgré tout, la NZ est mon paradis et si je pouvais, j’y retournerais y vivre… Alors merci de m’envoyer du rêve via ton site (que je vais mettre dans mes favoris) ! 🙂

    • Reply Laura Olen.sk.a 4 septembre 2020 at 2 h 36 min

      Hello Roxane, merci pour ce gentil message ! J’ai ressenti la même chose que toi à Christchurch. Cela fait maintenant plus de 3 ans que je vis en Nouvelle-Zélande et j’ai si peu écrit sur mon expérience ! Le fait de m’efforcer de voir le côté positif des choses m’empêche d’écrire les négatives, mais il y en a, et je vais m’y mettre bientôt, promis ! Merci de me lire en tout cas 🙂

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