Mum Nouvelle-Zélande

Les avantages de ma grossesse au bout du monde, en Nouvelle-Zélande

5 février 2021
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En venant vivre en Nouvelle-Zélande en 2017, si on m’aurait dit que j’y vivrai ma première grossesse, je ne l’aurais pas cru… On était plutôt bien au no-kids club ! Finalement, c’est arrivé, au bout de 3 ans installés à Wellington. 3 ans plutôt durs qu’on venait de passer dans l’instabilité et les difficultés d’adaptation. En 2020 donc, peu de temps après mon anniversaire, et peu de temps après la fin du confinement néo-zélandais, j’ai découvert que j’étais enceinte ! Et ce fût assez fou, car ce n’était pas prévu, et que je ne pensais pas qu’à 37 ans, il suffirait d’une soirée de folie sans précaution pour que ce soit aussi facile.

Nous avons pris cela comme une bonne nouvelle, nous en avions parlé un peu ces dernières années, sans être vraiment prêts. Mais au final, cela nous semble faire partie des choses pour lesquelles on risque de ne jamais passer le pas si on attend d’être prêts, alors c’est pas plus mal ! Avec le recul, c’était le moment parfait.

Du coup, avant d’embarquer sur le petit nuage de bonheur qu’allaient être ces 9 mois de grossesse, j’ai tout de même expérimenté un mois et demi de flippe, du genre « OMG je vais vivre cette expérience dans un pays étranger aux antipodes du mien ! Je ne sais pas du tout comment ça se passe ». Cela a donc mis un peu de temps avant de constituer le puzzle de comment ça allait se passer, administrativement, médicalement, etc… Et d’y voir clairement.

/ J’y consacrerai un article ou deux, car je trouve les comparaisons de systèmes selon les pays très enrichissantes. 

Il y a aussi eu les doutes, période assez normale et différente selon chacune. Les miens, c’est parce que, sincèrement, on était vraiment bien que tous les deux, avec nos deux chats. Je m’endormais souvent le soir en disant à mon homme que tout est parfait et que j’aimerais que cette période soit figée dans le temps pour toujours. Impossible, bien sûr, mais là…. on savait que dans 9 mois ça serait du passé ! Et puis aussi, j’adorais mes moments de solitude à cette période, bref, j’ai eu un peu de mal à faire brusquement le deuil de ce que j’avais connu pour aller vers l’inconnu. J’ai cru que ça allait mal se passer. Comme une fatalité.

C’est là que mon homme m’a sauvé de bien des mois d’anxiété, grâce à une conversation un soir où il m’a rappelé tout ce qu’on aimait vraiment, l’idéal de notre situation, et surtout, toute l’adaptation dont on était capable. Chez nous, on fonce et on provoque le futur désiré, on ne subit pas la vie et les évènements. Bref, une grosse remise au clair qui m’a permis de me ressaisir et de me recentrer. La fatalité, ça n’existe pas. Je le savais.

Après cette conversation, j’ai « dormi dessus », comme on dit ici, et le lendemain tout était changé, et j’étais cette femme qui avait décidé de vivre une expérience fabuleuse, glorifiante et pleine d’amour, auprès de ma moitié.  Et ce fût le cas.

Je suis aujourd’hui à 2 ou 3 semaines de mon accouchement, et je peux dire que j’ai vécu une belle grossesse, et que dans mon cas, l’avoir vécu en Nouvelle-Zélande, à 18000 km de chez moi, a été vraiment appréciable. En voici les raisons.

 

Pas d’influence malsaine, pas d’entourage intrusif

Une des choses que je lisais le plus sur les forums, mes applications de grossesse, ou sur les sites spécialisés, concernant le début de grossesse, c’est comment l’environnement social général change lorsque vous annoncez votre grossesse. En gros, les proches, comme les moins proches, péteraient une sorte de câble qui les rendrait parfois indécents ou intrusifs. Comprenez pas là : les copines qui se mettent à raconter les histoires de leur grossesse avec les détails horribles bien sûr, les femmes qui ont toutes une histoire flippante à raconter aussi, les mères, les tantes qui veulent de suite savoir vos choix pour les juger ou qui n’attendent pas pour vous dire ce que vous devez faire selon elles, mais aussi, les copines qui n’ont pas eu d’enfants et qui vont juste arrêter de vous parler, les amis qui sont déçus que vous quittiez le no-kids club et qui vous mettent dans le panier des amis qui vont faire chier avec leurs photos de marmots sur tous les réseaux sociaux, les gens du boulot qui vous regardent de travers… etc etc …

Bref, le fameux « avoir un enfant redistribue les rôles de l’entourage ». Oui, mais non, que chacun reste à sa place d’avant, merci.

Cependant, il faut se rappeler (facile pour nous) que généralement beaucoup de monde s’en fout quand une-telle tombe enceinte, ça reste l’évènement le plus banal de la vie sociale, bien que ce soit l’évènement le plus extraordinaire d’un point de vue individuel.

 

Ici donc, je ne me suis jamais retrouvée avec quelqu’un assis dans mon salon cherchant à décortiquer ma vision de la maternité en vue de me donner la sienne ou de juger la mienne. Je n’ai pas été pourrie non plus par les histoires des autres. Je ne me suis pas retrouvée attablée avec des personnes qui ont pensé qu’il faudrait parler de ça toute la soirée. Et cela a été une bénédiction. Cela m’a permis d’être 100% connectée à mon corps et à son expérience, sans me stresser et me coller des doutes sur mes capacités. Je me suis bien sûr très informée et j’ai beaucoup lu, dont des articles sur des mauvaises expériences, mais c’était de l’information que j’ai recherchée et ça n’était pas pareil aux témoignages et remarques non-sollicitées d’un entourage peu finaud.

Il y a bien eu des personnes dont la première question était de savoir si j’allais allaiter (un grand classique français…), mais il a été plus facile de fermer la porte à ce genre de questions à distance.

On trouve plein de listes des choses à arrêter de dire aux femmes enceintes, j’ai bien aimé cette liste des choses à leur dire.

Les amis restés en France se sont contentés de félicitations (je pense aussi que mes amis ne sont pas du genre à se dire qu’ils peuvent me gonfler avec des conseils non sollicités, merci à eux !), et les amis en NZ sont toujours très décents, proposent leur aide et sont positifs.

Venant de notre famille, j’ai été assez surprise de comment les choses sont restées en surface, sans jamais effleurer l’émotionnel. Je suppose que toute femme sait le feu d’artifice que provoque une grossesse, les espoirs, les rêves, les joies, les projets de vie (attention je ne parle pas de projections sur l’enfant), les changements, les révélations, les poussées d’amour qui l’accompagnent. Pourtant, c’est comme si c’était tabou. « Le bébé va bien? » oui, merci. « Toi ça va, pas de complication? » tout va bien, merci. « Alors que ressens-tu?, Quelle expérience vis-tu? », ça n’intéresse personne. Ou alors c’est tabou. Ensuite, nous sommes les premiers à savoir que les gens s’en foutent. Donner la vie est en même temps la chose la plus banales et répandue du monde (le plus médiocre des humains peut se reproduire après tout) et l’expérience la plus extraordinaire d’un point de vue individuel.

J’ai donc passé 9 mois avec personne sur le dos. Juste moi et mon homme, en autarcie émotionnelle totale. Et c’était parfait.

 

Une vision différente de la grossesse, que je trouve meilleure

Je ne savais pas grand-chose de la grossesse, vu que je n’avais pas cherché à tomber enceinte, et que mes amies proches étaient soit du no-kids club, soit pas du genre à ne parler que de ça quand on se voyait. C’est en la vivant, et en m’enfilant tous les épisodes de la Maison des Maternelles que j’ai découvert des différences entre la France et la NZ, alors que je pensais que ça serait à peu près pareil partout, et qu’il n’y avait pas 36 façons de vivre sa grossesse. C’était la plus grande ignorance de ma vie, et je sais que beaucoup de nanas en France ne se posent pas trop de questions non plus, le système étant encore très dans un sens, ne leur offrant pas les libertés auxquelles elles ont droit.

En gros, pour résumer, et à ma grande honte, je suis arrivée chez une sage-femme, au premier RDV, en questionnant sur la péridurale en NZ. Je ne connaissais rien, et je pensais qu’on prenait une péridurale pour accoucher comme on prenait un Doliprane quand on a mal à la tête. Elle a fait une de ces têtes la sage-femme… En France 80% des femmes accouchent avec péridurale, sans trop se poser de questions, comme moi au début, ici, c’est seulement 20%. Cela m’a chamboulé, et j’ai commencé à beaucoup lire sur le sujet… Les désavantages, pourquoi cela induit une cascade d’interventions, pourquoi c’est moins bon pour la récupération, pour les déchirements, pour la sortie du bébé, et le travail du bébé, etc etc… des tas de raisons, appuyées par des études, qui commencent à faire leur bout de chemin en France.

En France, il y a une grave crise des maternités, des hôpitaux, et de surpopulation. Avoir des femmes à moitié paralysées sur le lit, pour les gérer à la chaîne, est « une maltraitance » nécessaire, comme dirait Anna Roy.

Tous ces problèmes n’existent pas (encore?) ici, pays de 5 millions d’habitants, à l’aise économiquement. On peut donc offrir le meilleur aux femmes : une information complète et non-influencée, le choix d’accoucher comme elles le souhaitent, un cadre respectueux et intime pour le faire, avec tout le temps qu’il faut.

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Salle d’accouchement de l’hôpital de Wellington

La déontologie des sage-femmes de Nouvelle-Zélande implique de respecter les choix de la mère, de la conseiller avec les faits sans l’influencer, de demander la permission avant toute intervention (même le toucher vaginal pour vérifier l’ouverture du col), de demander un plan de naissance complet, qui guidera toute l’équipe le jour J.

J’ai découvert tout cela au cours de ma grossesse, j’ai énormément lu sur le sujet, en français et en anglais (loin des forums, juste des sites sérieux), et, grâce à cette éducation, j’ai pu me connecter encore plus à mon corps, le comprendre, le chérir, et à partager l’expérience de l’enfant qui grandit en moi. Cela à contribuer à la beauté et simplicité de cette première grossesse : je n’ai pas eu d’anxiété ou autre.

J’ai aimé qu’on m’accompagne dans ma grossesse pour ce qu’elle est : le processus le plus naturel du monde, pour lequel mon corps est taillé. Je reste persuadée que 80% des problèmes sont somatisés, et peuvent s’envoler avec une meilleure éducation sur le sujet. J’avais beau arriver de France en pensant que la péridurale était quelque chose de normal, j’étais en revanche éduquée sur le périnée et le plancher pelvien dont il faut prendre soin avant la grossesse. À mes cours de yoga prénatals à Wellington, 80% des filles n’avaient pas conscience de leur plancher pelvien et n’avait jamais entendu parler ou fait d’exercices de Kegel, tellement essentiels pour la suite. Dans diverses émissions françaises, j’apprends que la grande majorité des femmes n’en entendent parler qu’après l’accouchement, en mode « voilà maintenant sessions de rééducation du périnée, c’est remboursé ». Ouille.

Guide Hey Mama, offert par les sage-femmes, une mine d’information sur tous les aspects de la grossesse et à quoi s’attendre. A été très utile en plus des applications de suivi que j’ai utilisé.

 

Un cadre plus propice à la grossesse

Et enfin, l’évidence : la Nouvelle-Zélande, tout simplement. Pas de pollution, un lifestyle relax, une société globalement bienveillante. Et Wellington plus précisément ; la mer, les plages, les collines, une communauté sympa.

Quand je pense à ce qu’aurait été ma grossesse à Paris, ben en fait… j’arrête vite d’y penser. Ce n’était pas du tout pour nous, et je pense que ça ne serait même jamais arrivé là-bas.

Le niveau de vie est tout de même plus élevé, les maisons plus spacieuses, le cadre plus vert. Et cette mer qui n’est jamais loin et qui aspirent tous les soucis !

J’ai lu cet article du blog Naturelle Maman assez tôt dans ma grossesse :

Lire son article entier

Cela m’a fait froid dans le dos, m’a collé la nausée. Surtout de penser qu’on fait croire aux femmes que c’est la normalité.

Grâce à mon expérience au bout du monde, je sais que c’est faux.

Ce qui est important aussi, ce sont les gens, l’ambiance sociale autour de la grossesse. C’est assez similaire à l’Australie ou les US, où les sages-femmes ont une grande place et communiquent beaucoup grâce à Internet et aux réseaux sociaux, souvent avec humour et bienveillance. Il n’y a aucun tabou, ni chichis. Les groupes Facebook néo-zélandais pour mères-futures mères sont une perle pour le soutien et normaliser des tonnes de choses. L’allaitement est normal et ne marginalise/désexualise pas les femmes, on fait des blagues sur les « vaginal discharges », les slips jetables, et tout le monde sait qu’on risque de se chier dessus en accouchant et cela n’empêche pas de dormir. Tout cela est super rafraîchissant et libérateur.

 

baby shower cake poop gateau caca accouchement

Membre d’un groupe qui nous a partagé son gâteau de baby shower pour le moins humoristique

 

La façon dont le Covid a été géré en Nouvelle-Zélande nous permet de vivre normalement depuis mai 2020, après un confinement très efficace. Je vais donc accoucher dans des conditions normales, et j’en ressens beaucoup de gratitude. Même si une grossesse se passe bien, est belle et relax, il y a tout de même le yoyo émotionnel de la grossesse psychique et hormonale, et cela n’est pas toujours pas facile à gérer. Je pense souvent à toutes les femmes qui doivent gérer ça, en s’inquiétant en plus des conditions dans lesquelles elles vont devoir donner la vie, ce n’est vraiment pas juste.

 

Nos choix de vie en NZ

Il y a aussi le cadre que nous nous sommes créé ici, grâce à nos choix qui rendent l’expérience plus sympa et qui permettent d’envisager le « quatrième trimestre » avec sérénité.

Je suis « self-employed », je peux gérer la partie digitale de mon e-commerce depuis la maison et me déplacer occasionnellement à l’entrepôt si besoin est. J’ai embauché une employée dès le second trimestre de grossesse, pour qu’elle soit prête à gérer le travail sur place lorsque je ne pourrai pas venir. Cela s’inscrivait dans mes projets de croissance de mon entreprise, mais j’aurais sûrement eu plus de difficulté à passer le stade d’embaucher sans les besoins de la grossesse. Je vais donc pouvoir garder un œil sur ce qu’il se passe et même me concentrer sur l’expansion et le travail digital durant les prochains mois, tout en restant chez moi.

Mon homme, de son côté, avait trouvé, depuis quelques mois, le job de ses rêves chez W., à 5-10 minutes de la maison. Son contrat a commencé en même temps que le confinement néo-zélandais de 2020, et il a dû télé-travailler pendant des semaines. W.  a par la suite pas mal lâché la bride sur le télé-travail suite à cette expérience globale, et du coup, il peut être à la maison plus souvent. Notamment, là, pendant mon dernier mois de grossesse, il est là presque tous les jours, ce qui est un grand soutien. Ce sera pareil pour la suite : il prendra 2 semaines de congé parental, puis ensuite télé-travaillera de la maison pendant plusieurs semaines, ce qui lui permettra de passer du temps avec le bébé, et moi de me reposer.

 

Conclusion

Je pense que c’est parce que ces conditions étaient déjà enfin réunies que cette grossesse est arrivée. Comme tu l’as compris, le bébé à Paris, avec 2 parents salariés et toutes les chaînes aux chevilles, le stress, que ça implique, ce n’était pas pour nous.

Tout cela n’était pas prévu et se passe finalement très bien. Le désir d’enfant n’est pas incompatible avec le désir de partir vivre à l’étranger.

À nos cours de préparation à l’accouchement et à la parentalité (appelés simplement « antenatal classes »), à Wellington, il y avait d’autres couples d’expatriés, qui eux aussi vivaient cette aventure loin de chez eux, et profitaient de ce bonheur à deux, comme nous.

On a tendance à penser que la France (ou son pays d’origine quel qu’il soit) est ce qu’il y a de mieux pour telle ou telle raison : « c’est plus moderne », « c’est plus sécurisant », « les médecins sont mieux », « je veux mon gynéco de famille », on a une tendance à être très autocentrés, mais en réalité, c’est parce que la santé, ça nous fait peur, et qu’on se sent en sécurité dans son pays, car on sait comment ça fonctionne, et que notre entourage y est passé aussi. Pourtant, c’est ce n’est pas toujours vrai. Je ne regrette pas du tout que cela se passe au bout du monde. Au bout du monde, on peut trouver des systèmes plus respectueux, qui informent mieux, qui accompagnent mieux, qui vous respectent mieux, et aussi on peut trouver une aventure personnelle et émotionnelle incroyable, qui va tant nous apprendre. Il y a aussi d’excellentes équipes médicales, surtout dans le Pacifique. Personnellement, je trouve le milieu médical ici bien plus compétent qu’en France.

Mon homme me dit souvent que notre foyer c’est nous, nos chats (et bientôt notre enfant), point. Pas l’endroit où l’on vit. Il a tellement raison. C’est grâce à ce cocon immatériel, que je retrouve tous les jours, que j’ai pu profiter pleinement de cette grossesse, me rendre compte que j’aurais pu beaucoup m’inquiéter pour rien, ou me créer des blocages, pour rien. J’ai constaté encore une fois qu’un environnement en harmonie avec nos propres vibrations peuvent faire des merveilles.

Car pour tout dire : j’étais persuadée qu’une grossesse, chez moi, ça serait tout sauf simple. Et bien je psychotais. Il fallait juste que je sois au bon endroit, avec la bonne personne. Et loin des mauvaises influences.


Je te le dis presque tous les jours, mais je te le dis encore, mon beau, c’est grâce à toi que j’ai pu vivre cette expérience sur un nuage de bien-être, MERCI, merci, merci d’être merveilleux. Je t’aime à la folie.

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