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Premières (mauvaises) impressions sur la série Netflix de Marie Kondo : l’Art du Rangement

9 janvier 2019

Si vous avez lu mon article Comment « La magie du rangement » de Marie Kondo a amélioré ma vie , vous savez sûrement que j’ai beaucoup aimé son livre plein de vérité, de bon sens et d’efficacité, et que je le recommande vivement pour faire le ménage dans sa vie et dans sa tête.

Marie Kondo est une business woman avisée qui est en train de surfer sur le top du top, au point que Netflix lui ait proposé une série à elle. Ca aurait pu être super, mais mon flair aguerri l’a tout de suite senti mal. Le Google Trends de Marie Kondo a explosé en décembre 2018, à la sortie de la saison 1, j’espère que les intéressés liront le livre sans s’arrêter à la série.

Je me suis donc posée un matin, avec mon petit déj, et j’ai regardé le premier épisode, pour voir.

Dès les premières 15 minutes, ça se passait mal. Pour toucher un grand public, Netflix a demandé à Marie Kondo d’officier aux USA, avec une assistance traductrice. Marie Kondo, sa finesse et son raffinement japonais, dans un trou coin des US… le décalage pouvait être intéressant. Malheureusement… ils n’en on rien fait.

Présentation du foyer

On a dans ce premier épisode un couple visiblement à bout de nerf avec 2 gamins en bas âge dans une maison pas si bordélique que ça. On voit bien que d’autres choses clochent à en croire les regards qui traînent qui n’échappent pas à la caméra, et à l’herpès labial de Madame qui est constamment présent durant les 25 jours de l’expérience, signe d’un grand stress.

Madame bosse quelques heures par semaine, puis s’occupe des deux enfants rois qui réussissent le pari d’être insupportables via une télévision. Pauvre d’elle. « I waaaant … I waaant ». Ces enfants prennent toute la place physique et psychique, je ne suis pas sûre que le soucis soit dans les placards à ranger. Monsieur bosse 60h par semaine, est d’une grande gentillesse, se fait couper la parole par des « okay time out babe » castrateurs à souhait. Il se tait, l’air d’un nounours soumis. Bref, une histoire de couple qui s’aiment mais ne sait pas communiquer (donc énormément de frustration), comme il y en a tant.

Les dialogues sont assez calculés et peu naturels, la barrière de la langue, bien qu’assistée par la traductrice, se fait sentir. Rien n’est fluide.

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Poor guy.

 

Peu de naturel, peu d’explications

Les deux sont paumés lorsque Marie Kondo, avant d’engager le processus de rangement, leur montre son rituel de remerciement et gratitude envers la maison qui les abrite, à genou au milieu du salon. « Fermez les yeux » leur dit-elle, alors qu’ils n’ont pas bougé d’un poil, affalés dans un fauteuil, mal à l’aise, un gamin chacun sur les genoux. Petit musique calme pour donner de la solennité. Malaise.

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Là, je devine, la prod, qui en a sûrement aussi un peu marre, organise un peu naturel « bon bah on va mettre les enfants au lit et puis on va commencer ok? » récité par les parents.

Pendant qu’ils sont sortis, l’assistante traductrice demande à Marie Kondo d’un ton bien peu naturel :  « quelle est ton impression sur cette famille? » . On a alors droit à une mièvrerie bien pensante, dépourvue d’analyse : « Ils ont l’air dune famille aimante, les enfants sont trop mignons, vraiment apaisants » … lol. Apaisants. Herpès.

Il n’y aucune place à l’explication de la philosophie de la méthode Konmari, qui est aussi une façon d’aborder les choses, précédant les actes.

> Le plan de l’épisode 1 :

Clothing – les vêtements

On passe à l’acte directement. Marie Kondo leur fait réunir absolument tous les vêtements de la maison en une montagne sur le lit de leur chambre.  Puis leur donne pour consigne de manipuler un à un les vêtements et de ne garder que ceux qui provoquent en vous une étincelle de joie, la fameuse « sparkling joy », marque de fabrique de Marie Kondo. Puis de mettre de côté ceux que vous ne voulez pas garder, en les remerciant sincèrement. C’est sa grande technique de tri, expliquée à la va-vite, sans profondeur. Autant dire qu’exprimer la gratitude à un vieux T-shirt qui a servi nécessite beaucoup d’humilité et d’ouverture. Nos 2 gaillards ont l’air de le vivre comme un exotisme douteux. On les voit juste trier, et parfois dire « thank you » pour faire plaisir à la caméra. Pas d’histoire, pas de sentiment mitigés, rien. Je m’ennuie.

Komono – les petites affaires diverses

Marie Kondo nomme komono les petites affaires diverses, de cuisine, de garage, de salle de bain…  ce qui remplit les tiroirs quoi… et donne des conseils pour les ranger. Dans des boîtes ouvertes, généralement. Quelques petits schémas d’animation apparaissent sur l’écran. Pour expliquer que les petits objets vont dans des petites boîtes, et les grands dans des plus grandes.

Sentimental

Pendant que Madame s’occupe de la cuisine, Monsieur est assigné au garage. Marie Kondo lui explique qu’il va falloir jeter l’inutile, trier, et ensuite ranger par catégorie. Peut-être le seul moment un peu sentimental, car des souvenirs précieux émergent des cartons… lettres, photos, trucs de bébés etc…


Au final

Marie Kondo passe 3 fois en 25 jours, chaque fois accueillie par le cri strident de Madame qui ouvre la porte. A chaque visite, les choses ont été rangées. Et à la fin c’est impec. Ils remercient Marie Kondo d’avoir changé leur vie. Voilà.

 

Conclusion

La méthode Konmari est surtout un état d’esprit, largement expliqué et convaincant le livre, (je l’explique ici) , plus que des techniques de rangements, qui sont le passage à l’acte après la prise de conscience induite par la façon de penser de Marie Kondo, contagieuse et lumineuse. C’était LE challenge relatif à la mise au format série. Failed. Difficile donc de trouver celle-ci intéressante, en effet cet état d’esprit y prend une toute petite place dans un flot d’image et d’informations ennuyeuses. Quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de tout ceci, va être porté par une envie de changement en lisant le livre de Marie Kondo, et par une envie de fuir en regardant la série de Netflix. Je ne sais pas si Marie Kondo a eu beaucoup de droit de regard sur ceci. Je pense que la production a ciblé une audience américaine et a baissé le standard pour être au niveau des « télé réalités » du pays : incultes et faussement humaines.

Mais, mais, mais, je ne vais pas juger sur un seul épisode (bien qu’il soit sensé être celui qui donne envie de voir la suite) et je vais en regarder un autre car honnêtement je déçue de défoncer la série comme ça. Autre foyer, autre ambiance, autre bazar.

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