Il semble qu’Alix Girod de l’Ain (alias Dr AGA) a liberté totale au sein du magazine Elle. Cela fait un moment que je me fais la remarque au vu du nombre de pages, pas toujours intéressantes, qui sont consacrées à ses articles. Bien que certaines lignes me fassent sourire (exemple ; l’édito du n° du 31 juillet, sur la France coupée en 2 chaque été), je ressors souvent assommée de ses articles où elle se sent obligée de faire de l’humour à chaque phrase, me donnant l’impression d’une femme dont la plus grande peur est de…. finir out.
C’est un style. Pas le mien. Cette nana est sûrement super, c’est sans doute pour ça que la rédaction l’adore. Mais perso, je passe.
Mais cette semaine, c’est avec consternation que je découvre son article :
Ca aurait pu être chouette si « Gorge Profonde » n’avait pas été cité. Une grande photo de Linda Lovelace l’accompagnant.
L’article se compose de :
Une présentation de la production : « film au plus fort ratio de rentabilité de tous les temps (600 millions de dollars de recettes pour 25 000 de dollars de budget), a été écrit en un week-end de 1972 par un ancien coiffeur » ..
Un résumé : « Linda, jeune Américaine, est embêtée : elle est frigide, comment trouvera-t-elle un mari ? Elle essaie quinze bonhommes en un après-midi, rien n’y fait. » …
Une critique : « c’est que l’héroïne est vraiment trop débile pour que ça soit excitant – on est gêné pour elle » …
SEULEMENT VOILÀ …
Pour une magazine féminin défendant constamment et depuis si longtemps la cause des femmes, cette article est une boulette.
Linda Lovelace, de son vrai nom Linda Susan Boreman, atterrit sur le tournage de Deep Throat (Gorge profonde donc) à 22 ans poussée par une vie malheureuse et un marie proxénète qui abuse totalement de sa faiblesse. Elle n’a aucune qu’elle deviendra malgré elle ultra-connue, et qu’elle sera la première « pornstar » de tous les temps. Son cachet merdique de 1250 euros sera confisqué par son mari. Tandis que le film rapportera 600 millions $ dans le monde.
En 1980, Linda Boreman écrit une autobiographie et y dénonce les maltraitances, les viols et les tortures que lui aurait fait subir son mari.
Son mari lui aurait fait jouer certaines scènes du film sous la menace d’une arme à feu et aurait usé de violences physiques et psychologiques pour la contraindre. Si certaines de ses affirmations ont été contestées par Traynor, ce dernier n’en a pas moins avoué dans un article paru dans Vanity Fair consacré à sa nouvelle épouse Marylin Chambers qu’il trouvait normal de gifler sa femme si celle-ci avait un propos qui lui déplaisait.
Alors, femme maltraitée, ou femme qui n’a pas assumé? Les deux? Quelle importance? Cette histoire a été assez malfaisante pour que Boreman passe le reste de ces jours à militer contre la pornographie.
Elle fut secrétaire le jour et femme de ménage la nuit afin de gagner sa vie. Quelques mois avant sa mort, elle revit le film qui avait fait sa célébrité et déclara : « Tout ça pour ça ! ». Elle mourut sans un sou, dans un accident de voiture en 2002, à l’âge de cinquante-trois ans.
« Quand vous voyez le film Deep Throat, vous me voyez en plein viol »
Lors d’une conférence de presse à l’occasion de la publication de son ouvrage, cette dernière dénonce pour la première fois haut et fort les abus sexuels et physiques dont elle a été victime. Elle est soutenue par de nombreux membres de Women Against Pornography. Devenue une figure importante du mouvement féministe, elle est montrée du doigt par le scénariste et réalisateur porno Hart Williams, qui invente l’expression « Linda Syndrome » pour désigner les actrices porno repenties qui renient leur passé en accusant l’industrie pornographique de les avoir exploitées.
Etiquetter pour tourner en ridicule les idées d’autrui, et une des armes les plus répandues et efficaces du machisme. Type « c’était pour rigoler… elle a pas d’humour ». « Elle l’a bien voulu, elle joue les repenties now ».
Bref, Alix, tu as sûrement voulu écrire un article ouvert, léger, mais pour le coup, tu as vraiment déconné sur un sujet grave : le malheur d’une femme, une histoire sale.
Pour en savoir plus sur le sujet de Linda Lovelace :
– son livre :
– un film : « Lovelace » avec Amanda Seyfried
– un film : « Inferno » avec Malin Akerman
Parisienne à Wellington, j’ai décidé en 2017 de changer de vie et de partir vivre en Nouvelle-Zélande avec mon partenaire et mes 2 chats. Ce fut la meilleure décision de ma vie, ce pays m’ayant donné toutes les possibilités, surtout celle de renaître. Je reviens de loin. J’espère avoir le courage d’écrire à ce sujet un peu plus pour témoigner auprès de personnes qui auraient du mal à voir le bout du tunnel. Fortement influencée par la semaine de 4 heures et par ma croyance en un nouveau style de vie équilibrée entre vie perso et travail, j’ai créé et dirige avec succès plusieurs entreprises de ventes en ligne, un studio photo et j’élève mon fils né en 2021, sans crèche, sans famille pour aider si ce n’est mon partenaire. La chose la plus importante que j’ai apprise dans mon aventure : le bonheur n’a rien à voir avec le plaisir ou la facilité 🙂
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