Cet article de contient pas de spoiler.
Récemment, mon homme (M.H) et moi nous sommes retrouvés à passer de fabuleuses soirées avec Le Retour de l’Obra Dinn, une oeuvre arrivant à pic pour les premières soirées froides de Nouvelle Zélande.
M.H, est un peu mon gardien des tendances web. Je n’aime pas trop suivre les news, par contre j’aime savoir tout ce qu’il se passe dans le monde web, business comme jeux. Je me complais donc la paresse intellectuelle d’écouter ses toujours intéressants rapports, donnant souvent lieu à de passionnantes conversations.
Bref, M.H suit pas mal de créateurs de jeux, des plus humbles aux plus grands, et m’a récemment parlé du dernier jeu de Lucas Pope qui fait fureur : The Return of the Obra Dinn, ou, Le Retour de l’Obra Dinn. Lucas Pope aurait réussi un coup de maître en réalisant entièrement le jeu : graphisme, scénario, développement, musiques… Ce qui est assez rare, et en l’occurence, un vrai coup de maître…
La grande particularité visuelle du jeu serait d’être monochromatique. Ouais, en noir et blanc. Pari osé : on était donc bien loin de mon dernier jeu d’enquête point and click avec passages filmés : Gabriel Knight II : the beast within (:'() , se présentant en coffre de 9 CD-rom en 1995, maintenant sur Steam 😀
Il m’a aussi expliqué qu’il s’agissait d’un mystère à résoudre, une sorte d’enquête sur un bateau, et que le jeu indépendant, sorti en octobre 2018, multipliait les critiques dithyrambiques.
J’étais sceptique, mais curieuse
J’ai tendance à me méfier des buzz du monde geek, qui peut parfois s’enthousiasmer de prouesses techniques, sans que le résultat soit là. Je ne code pas, je design. Je m’intéresse donc surtout au résultat 😀
J’imaginais un jeu tout axé sur les dessins et mou (comme il y en a tant). Puis les bateaux ça m’angoisse.
Cependant, M.H ayant très bon goût sur le sujet, lorsqu’un soir, il a proposé de s’y mettre, j’ai dit OK.
On a ouvert Steam (lien du jeu, vous y trouverez plein d’infos) et on a acheté le jeu pour quelques 25NZD (environs 15 euros). Et go !
L’Obra Dinn est un navire à la dérive au large des côtes africaines. Tout l’équipage a disparu, cependant, le chirurgien qui était à bord a survécu. Il confie la tâche de découvrir le sort de tous l’équipage et passagers à un expert en assurance (nous donc), et donne une montre à gousset particulière pour aider. Cette montre, près d’un cadavre, permet de se plonger dans les derniers moments de l’âme, juste avant sa mort. C’est ainsi que le puzzle va se constituer, et qu’il va falloir restituer les identités et sorts des 60 disparus dans le livre de bord confié par le chirurgien.
Je fus immédiatement conquise par le style, l’intro, la musique, tout ! Dès la première scène, j’ai compris que oui, Lucas Pope est un génie dans le genre et j’ai compris pourquoi tout le monde a adoré ce jeu. La mise en scène est incroyable. Contre toute attente, on se laisse happer dans l’univers de l’Obra Dinn, et ce, dès le début du jeu. On se déplace dans un univers monochromatique 3D, qui, finalement, permet une immersion bien plus intense que certains rendus voulus réalistes. On veut immédiatement comprendre ce qui a pu se passer sur ce bateau.
La grande particularité de Return of the Obra Dinn, sorti en 2018, réside dans ses graphismes monochromatiques one-bit, typiques des jeux commercialisés sur les tous premiers ordinateurs Macintosh, dans les années 1980. Plusieurs filtres de couleur différents sont à choisir entre les styles « Macintosh » (basique), « IBM 5151 » (vert), « Zenith ZVM 1240 » (ambre), « Commodore 1084 » (bleuté), « IBM 8503 » (plutôt noir et blanc) et « LCD » (un noir et blanc avec un fort contraste).
Ma grande peur : le scénario nanard : des méchants, des héros, des nanas…. Ouf, pas du tout le genre. On a ici un vrai mystère. On y découvre une histoire palpitante et bien ficelée, qui nous aura tenus des heures en haleine.
Nous avons joué ensemble, à deux devant l’écran, et honnêtement, deux cerveaux plutôt qu’un ont été d’une grande aide. The Return of the Obra Dinn est un jeu difficile.
> Lire aussi : Conseils (sans spoils) pour finir Le Retour de l’Obra Dinn
Le scénario est fabuleux et surprenant. Les interactions fluides et agréables. Lucas Pope a embauché des acteurs pour les dialogues qui sont hype réalistes. C’est vraiment un 0 faute sur l’expérience joueur.
Les textes sont traduits en français, mais les dialogues sont en langues originales. On entend de l’anglais, du chinois, du russe… toutes les langues parlées par les passagers en fait.
Le gameplay est simple et intuitif : déplacements, ouverture de porte, utilisation de la montre à gousset. La main apparaît quand elle peut être utilisée. On passe un peu de temps dans le livre de bord aussi, qui est facile à utiliser.
Plutôt que des images, une courte vidéo vous montreront mieux le style de gameplay (dans la version française, les dialogues seront sous titrés sur l’écran noir) :
À propos de Lucas Pope
Cela me fait toujours plaisir de lire une histoire d’entrepreneur qui a réussi en solo. Les modèles d’entreprise changent, et avoir plusieurs cordes à son arc digital permet de profiter des bénéfices de son travail… seul !
Lucas Pope est considéré comme l’un des meilleurs créateurs de jeux indépendants de son époque.
Son pedigree m’a fait pensé à celui d’Alexandre Astier qui écrit, réalise, monte, compose… De vrais auteurs sous toutes coutures.
Lucas Pope avait déjà créé le jeu à succès « Papers please », développé en 9 mois durant 2013, et dont il a vendu 1,8 millions d’exemplaires.
Obra Dinn lui a nécessité 4,5 ans de travail. Il admet que cela lui aurait pris 6 mois avec une équipe complète.
Dans une longue entrevue disponible dans cet article en anglais, Pope se confie sur l’Obra Dinn :
« J’ai lu beaucoup d’histoires se passant à cette période, et la plus populaire était une collection de désastres arrivant sur ces bateaux. J’ai aussi lu de vrais rapports concernant les survivants, on devrait écrire à propos de ça, ce serait des best-sellers. Une des choses qui m’a marqué était comme la vie étaient peu chère à cette époque. Généralement, la personne qui survivait et écrivait l’histoire était le plus gros *asshole*, dont la survie a coûté celle des autres. Mais au retour, c’était le héros. «
« Sur ces bateaux, il y avait 60 à 100 passagers et tout le monde était dépendant de tout le monde pour survivre. Il n’y avait rien entre vous et l’eau excepté l’équipage. Cela fait sauter quelques barrières que l’on retrouve en société : race, religion, status… J’ai aimé joué avec ça dans l’histoire et posé un équipage très international. «
« Les jeux vidéos sont tous axés sur la mort et le fait de tuer des gens… Et si on se concentrer sur la mort d’une façon différente que de tuer ? »
Pope vit au Japon avec sa femme, elle-même programmeuse.
Si ça fait longtemps que vous n’avez pas vibré pour un nouveau jeu, que vous avez envie de passer des soirées à vous évader dans un univers mystérieux, d’utiliser votre cerveau, et aussi soutenir la production de jeux indépendants d’une qualité grandiose, Le Retour de l’Obra Dinn est à ne pas manquer.
Autres liens :
Wikipedia du Retour de l’Obra Dinn
Parisienne à Wellington, j’ai décidé en 2017 de changer de vie et de partir vivre en Nouvelle-Zélande avec mon partenaire et mes 2 chats. Ce fut la meilleure décision de ma vie, ce pays m’ayant donné toutes les possibilités, surtout celle de renaître. Je reviens de loin. J’espère avoir le courage d’écrire à ce sujet un peu plus pour témoigner auprès de personnes qui auraient du mal à voir le bout du tunnel. Fortement influencée par la semaine de 4 heures et par ma croyance en un nouveau style de vie équilibrée entre vie perso et travail, j’ai créé et dirige avec succès plusieurs entreprises de ventes en ligne, un studio photo et j’élève mon fils né en 2021, sans crèche, sans famille pour aider si ce n’est mon partenaire. La chose la plus importante que j’ai apprise dans mon aventure : le bonheur n’a rien à voir avec le plaisir ou la facilité 🙂
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