WoW Classic, comme bien du monde, on l’attendait de par chez nous. Depuis son annonce, juste avant qu’on parte vivre en NZ.
En plus, la sortie était prévue pour août, idéal pour se calfeutrer pendant l’hiver néo-zélandais (il a rien de spécial hein, mais je suis frileuse et sujette à la déprime saisonnière…). Donc on a attendu, on en a pas mal parlé … qu’est-ce-qu’on ferait, quelle classe, quelle spé, le passé, tout ça. Mon homme et moi on s’est rencontré sur WoW, donc, beaucoup de souvenirs. Nous sommes encore en contact avec des gens qu’on avait rencontré sur notre serveur.
Après Lich King, les extensions, l’ambiance et le nouveau système de talents, ont commencé à nous emmerder, à avoir raison de notre enthousiasme. « C’était plus comme avant ». Ce qu’on aimait n’était plus là. Et socialement, c’était de pire en pire. Si tu as commencé Wow avant 2008, tu l’as forcément remarqué aussi. Du coup, on montait nos persos à chaque extension, par curiosité et comme pour se donner une chance d’être reséduits, mais à Battle for Azeroth, on a juste lâché l’affaire. Même si l’extension était pas mal, on était déjà trop usés.
Et c’est bien ça qui fait que WoW Classic a vu le jour : la grande majorité des joueurs de Vanilla avaient une très grosse nostalgie… à savoir un certain esprit plutôt amical, les potes, l’effort commun, les raids qui se méritaient, les gens sympas et utiles étaient connus, les connards aussi, pas de Sésame, donc pas de générations de persos haut niveau sans âmes, du PVP sauvage, beaucoup de PVP sauvage, la joie quand tu avais un bleu qui tombe, le commerce, etc etc etc. Toute une époque, qui n’a cessée d’être de plus en plus relatée sur les forums d’année en année, proportionnellement à la lassitude des joueurs.
Jusqu’à ce que Blizzard prenne l’honorable décision de sortir WoW Classic
Malgré notre plaisir à cette annonce, durant la longue attente, on émettait quelques doutes dans nos discussions : est-ce-que tu penses que ça va vraiment être comme avant ? Est-ce-que nous on a changé ? Est-ce que ça va toujours être notre truc ? Est-ce-que ça va vraiment avoir le succès escompté ? Est-ce-que ça va faire un flop ? Est-ce-que … Et si …
Le jour de la sortie est arrivé plutôt rapidement, car on a été trèèèès occupés à se faire une vie en NZ. Curieusement, intuition ou autre, je n’ai pas été surexcitée quand le 19 août 2019, WoW Classic sortait enfin. D’ailleurs, pour éviter de faire la queue comme des cons avec le rush du premier jour, et de galèrer misérablement dans les zones de départ, on a décidé d’attendre quelques jours, histoire que les zones de départ se désengorgent, qu’un certain % de joueurs se rendent compte que c’est pas leur truc et retournent sur WoW Retail. Bon, et je déteste faire la queue. IRL ou ailleurs.
Pendant cette petite période, l’ancien GM de la plus grosse guilde de mon ancien serveur m’annonce qu’il va sûrement reformer sa guilde, ses anciens fidèles étant revenus vers lui. Nous étions amis, mais je n’étais pas dans guilde, j’avais créé la mienne, moins corporate. Ce GM étant une excellente personne que j’apprécie beaucoup, l’idée de le rejoindre nous semblait cool, et retrouver quelques personnes pourraient être sympa.
La Horde, d’imbéciles
Arriva donc, le jour où nous nous sommes connectés, hop, level 1, Forêt des pins argentés, reset.
On me saute direct dessus en privé « waaahou t’es là, génial » , chaud au coeur mais en même temps … oula. On m’invite direct dans la guilde, et je refuse car ce que je voulais surtout, c’était profiter de la reprise avec mon homme, je l’explique, je sens que ça surprend. Avoir une vie a toujours un peu surpris. Tant pis. Je précise aussi que moi, mon truc c’est le PVP, « aucun souci ».
Pendant ces quelques jours, où nous étions juste nous deux, l’ambiance du serveur était juste pourrie, floodé de conneries constantes sur tous les canaux, j’avais l’impression d’être coincée dans une classe de 6ème. C’était constant, n’importe où, à n’importe quelle heure. Nous, on aime rire, on aime la grossièreté, on aime causer, on aime l’humour noir, très noir, mais là disons, c’était juste… pathétique. Passer tous les canaux en ignore au bout de 3 jours… super l’ambiance.
Il y avait certes, bien plus de gens polis, sympas, que dans Wow Retail (disons 20% de +), mais franchement pas assez.
Il y a deux types de joueurs sur WoW. Deux. Ceux qui sont là pour le plaisir. Ceux qui sont là pour réparer un ego malmené IRL. Dans les deux catégories, on trouve aussi bien des gens qui s’ennuient de leur vie, qui ont beaucoup de boulot, qui raident régulièrement, où qui sont des casuals, ou qui sont GM de grosses guildes. Ce n’est pas une question de ce qu’ils font, mais de pourquoi ils sont là à la base.
Les meilleures guildes que j’ai connu étaient toutes dirigées par des gens très sains.
Meilleures ne veut pas dire grosses et avancées. J’ai aussi vu des grosses guildes, dont les gens s’accommodent de l’ambiance moisie pour avoir du stuff, réduits à passer des heures de Samedi soir, dans une ambiance de merde, pour espérer voir tomber une pièce. C’est un peu comme la vie d’entreprise. (ça me fait penser à une amie qui bosse chez Bel, un géant du fromage industriel, qui semble avoir une culture d’entreprise datant des années 80, dont les employés ne sont pas spécialement heureux mais restent parce qu’il faut bien vivre… elle s’est battue 2 ans pour avoir enfin une augmentation : de 0.9% ).
Tombée au mauvais endroit
Au bout de quelques jours, nous étions prêts à rejoindre la guilde, qui avait déjà recruté beaucoup de personnes. Les connaissances de connaissances de connaissances, c’était open bar. De jour en jour, le chiffre gonflait. Mon erreur a été de croire que cette guilde serait ce qu’elle m’avait parue il y a des années. Le GM était toujours aussi cool, mais avaient pris pour officiers des personnes qui n’avaient qu’une obsession : être le premier 60, le premier à ceci, le premier à cela. Et ces objectifs étaient vécus malsainement, avec obsession. C’était un spectacle ennuyeux, affligeant.
My « unpopular opinion », ce sont des objectifs parfaits pour oublier une vie de merde (ponctuelle ou chronique).
Est-ce-que je méprise les gens qui sont 18h/24 sur le jeu ? Non, parce que ça m’est déjà arrivé, et que ça a été une bouée de sauvetage pendant une période difficile. Non, parce que c’est arrivé à mon homme, lui aussi pendant une période difficile de sa vie, où d’ailleurs il se faisait juger pour ça. Et qu’au final, la période difficile est passée, on s’est trouvé, on a construit une aventure de fou au bout du monde où nous sommes très heureux. Les passages à vide, ça arrive et ça ne nous définit pas.
En revanche, revoir certains types qui, 15 ans après sont toujours connectés de 7h du mat à 23h30, me désole pour eux. Je pense que ça reste une exception, j’étais décidément mal tombée.
Mais, à la base, aucun soucis pour moi, car chacun ses choix, sa vie. Cependant, se connecter pour assister à des constantes conversations ennuyeuses ou agressive de joueurs en mal d’ego, en mal de vie, c’était assez toxique pour moi. Le recrutement au hasard avait juste rempli la guilde d’un fort % de cons.
Et ça, ce n’est pas spécifiquement WoW, c’est le juste Internet en 2020 : haters et cons.
Qu’est-ce-qu’un con ? Le philosophe Aaron James, auteur de Assholes, a theory, décrit un individu s’inventant des avantages particuliers dans la vie sociale et se sentant immunisé contre les reproches. Au cours de l’évolution, les cons se sont très bien adaptés à leur milieu. Un succès reproductif qui a dû se jouer chez les primates dans les comportements de dominations masculines et les jeux de pouvoirs afin de se maintenir au sommet.
La connerie narcissique dans les MMORPG est un véritable fléau.
Les invitations pour en faire venir encore plus coulaient à flot, par contre pour les dégager ensuite, c’était un gros problème. Au bout d’un mois, c’était constamment, insultes, domination, irrespect, chaque conversation tournait toujours mal, sauf quand le GM était là. C’était très déprimant de tomber à ce niveau-là, avec des personnes qui ne savaient juste pas se comporter en groupe. On a souvent ri du fait que ceux qui passent le plus de temps à discuter technique de pointe et optimisation sur le canal guilde, sont loin d’être de bons joueurs. On a moins ri, quand les gens intéressants, sympas et mûrs se sont tirés les uns après les autres.
Dramaland, masculinité toxique, cour de récré
Ca demande des couilles de gérer un groupe, mais surtout beaucoup de sagesse. Car il faut prendre des décisions pour le bien commun. Mais quand le bien commun c’est « finir les raids le plus vite » … le côté humain en prend un coup. Pourtant, c’est ce que je préférais dans WoW Vanilla… C’est un peu tout le malheur politique du monde moderne, mais personne n’a l’air d’apprendre.
Le Discord avait son lot quotidien de dramas, des dramas pathétiques, fait de gamins foutus d’avance, qui se plaignaient autant de l’échec de leur vie qu’ils n’affichaient une connerie profonde.
Le système de communication des cons est le même partout : imposer sa connerie, rabaisser ceux qui la font remarquer sous couvert d’humour, retourner la situation contre les autres. Quand on laisse ce genre chose s’installer, il n’y a plus de place pour le reste.
« Il n’y a pas de concurrence possible avec un con. Le meilleur moyen reste la fuite. »
Jean-François Marmion, Psychologie de la connerie
Et franchement, avoir quitté la France, ses dramas politiques, nos dramas familiaux, pour vivre dans un lieu civilisé et moderne comme Wellington, s’être habitués à une vie 0 drama depuis 2 ans, pour retomber aussi bas à cause de WoW Classic, cela n’était pas possible.
Nos petits verres du soir, face à face dans le canapé, où nous parlons de nos projets, rêves, idées, se sont vus pollués par des conversations sur le niveau de bêtise qu’on venait de rencontrer. Cela n’était plus possible non plus. On était désolés pour notre GM, qui, je pense, se trouvaient un peu partagé sur le moment, pour contenter tout le monde.
Je me suis rendue compte que l’accueil chaleureux qu’on m’avait réservé au début, c’était surtout parce qu’on espérait des 60 dans les rangs assez vite. Ce qui était loin d’être le cas pour moi, parce que j’ai une vie, très, très remplie, ce qui n’était pas le cas à ce point durant mes études.
Cette problématique de sabotage des aspects humains à des fins de performances, je l’ai rencontré dans de nombreux groupes et communauté. Garder des sacs à merde parce qu’ils font le boulot, ne finit jamais vraiment bien. J’ai pourtant vu, sur WoW, et ailleurs, des équipes très haut niveau, où tout se passait bien. Je pense que c’est vraiment une histoire de personnes. (Au cas où tu as envie de me dire que « c’est comme ça, les guildes à prétention HL »).
Depuis tout ce temps, j’ai aussi développé une tolérance 0 pour la méchanceté bête, l’irrespect et la connerie heureuse. Et cela m’a beaucoup apporté. En plus, il est déjà bien difficile de rencontrer des gens sympas, sains, et drama free en vrai, pour ne pas se les taper sur un jeu censé nous détendre.
Le canal guilde caché dans un onglet à part, je suis donc venue de moins en moins, affligée. Puis un jour, au 21ème siècle, alors que je ne m’y attendais plus, j’ai eu le droit aux remarques d’australopithèque surpris d’entendre une nana sur Discord. Je t’épargne le niveau et les détails.
Voilà, c’était fini. Je n’ai pas /gquit, j’ai juste arrêté de venir. Je n’ai pas eu envie de trouver une autre guilde, de jouer sans guilde, de changer de serveur, ou autre. J’étais dégoûtée d’avoir perdu mon temps. Et j’avais aussi beaucoup de boulot passionnant.
Ma vie, et les activités qui la composent, est beaucoup mieux lorsque je sélectionne qui et quoi en fait parti. Le hasard des (mauvaises) rencontres, ce n’est plus pour moi. Ouais, un peu control freak, je l’admets. Mais au final, je ne perds pas mon temps, et je ne me laisse pas parasiter par des mentalités qui ne me conviennent pas.
Sauf cette fois. Par nostalgie, je me suis foirée. Je le vois clairement après coup, Wow Classic, ça pouvait que ne pas me convenir.
Ma triste conclusion
WoW Vanilla, la Horde des années 2000, c’est bel et bien fini. À l’époque, selon mon expérience, on trouvait dans la Horde, des gens plus mûrs (et je ne parle pas d’âge). Des vrais, des affreux, des Hordeux. Maintenant, ça a l’air d’être le contraire. Je me dis que tous les gamins nés en 2000 qui ont commencé à jouer à WOW en 2012 (où le côté humain était déjà bien détérioré), se sont pointés sur Wow Classic, à 19 ans, et dans la horde parce que c’est trendy.
Sur Wow Vanilla, nous avions profité du jeu à tous les niveaux, avec une expérience humaine de haut-vol, qui je pense, ne plus se reproduire aujourd’hui.
Les successions d’extensions de World of Warcraft, et ses refontes, ont habitués les nouvelles générations de joueurs à la facilité, à l’impolitesse (tu en trouvais encore des Bonjour, Merci, Bonne journée en instance?), à se stuffer facilement. À WoW Vanilla, tu dépendais beaucoup des autres, et une réputation de connard finissait par jouer contre toi. Et tu n’avais pas de sésame ou de changement de nom dispo pour « refaire ta vie ».
Honnêtement, je n’ai jamais lu et entendu autant de conneries de ma vie sur le web en si peu de temps.
Les joueurs de 2019 sont-ils 3 fois plus cons que les joueurs de 2005? Ou alors, est-ce-que WoW n’attire plus que les cassos? Il y a vraiment une étude sociale à faire.
Est-ce-que ces cassos ont déserté Classic depuis que je me suis tirée? Aucune idée. Et je n’ai pas envie de savoir.
Peut-être que je jouerai un peu, un jour, sur un serveur Pacific, par curiosité, pour voir la différence. La mentalité générale (et le type de connerie) des gens est très différente de la France, et je suis donc curieuse de voir si cela change quelque chose ou pas.
Je suis sûre que le GM a su redresser la situation depuis le temps et transformer ce gros pâté de départ en belle guilde, car c’est une belle personne, très intelligente, mais je n’ai pas envie d’aller vérifier.
Tu vois, ma déception en WoW Classic n’est pas liée à l’expérience de jeu, aux décisions de Blizzard, aux BG, au layering. Elle est liée aux gens.
La vie est trop courte non ?
Toi qui me lis, as-tu aussi été déçu par Wow Classic ? Ton expérience m’intéresse.
Parisienne à Wellington, j’ai décidé en 2017 de changer de vie et de partir vivre en Nouvelle-Zélande avec mon partenaire et mes 2 chats. Ce fut la meilleure décision de ma vie, ce pays m’ayant donné toutes les possibilités, surtout celle de renaître. Je reviens de loin. J’espère avoir le courage d’écrire à ce sujet un peu plus pour témoigner auprès de personnes qui auraient du mal à voir le bout du tunnel. Fortement influencée par la semaine de 4 heures et par ma croyance en un nouveau style de vie équilibrée entre vie perso et travail, j’ai créé et dirige avec succès plusieurs entreprises de ventes en ligne, un studio photo et j’élève mon fils né en 2021, sans crèche, sans famille pour aider si ce n’est mon partenaire. La chose la plus importante que j’ai apprise dans mon aventure : le bonheur n’a rien à voir avec le plaisir ou la facilité 🙂
5 Comments
Hello,
Non, je ne suis pas déçu de wow classic.
Est ce que mon avis t’intéresse quand même ? Lol
Bien sûr 🙂
Re !
Tu sais ce que moi, j’en pense ?
J’en pense que ce sont les jeunes générations qui ont changé. La place qu’on leur donne a fait le reste.
A l’époque de vanilla, les jeunes avaient tendance à s’écraser, au profit des plus vieux, plus posés, et qui pouvaient même adopter une figure paternaliste (dans le sens large du terme).
En sortait une balance entre la fougue de la jeunesse couplée au respect envers les aînés.
Le problème, c’est qu’en quinze ans, internet a évolué. Beaucoup, évolué. Le web profitant plus particulièrement aux jeunes, ils ont pris une place qu’ils n’avaient pas avant. La génération fortnite est en marche.
Ils ne respectent souvent rien ni personne et se prennent pour des demi-Dieux, d’autant plus sur internet : leur terrain de jeu favori.
Wow attire-t-il les cassos ? Non. Définitivement pas. Et d’autant moins sa version classic.
Mais effectivement, il y en a.
Et comme d’habitude, il faut s’adapter.
Par s’adapter, j’entends : trouver des groupes dans lesquels nous sommes bien, et qui reflètent nos valeurs.
Et c’est trouvable. A fortiori sur un MMO qui, en soi, est fait pour ça.
Personne ne nous oblige à jouer avec ces nouveaux furoncles qui s’autoproclament au dessus de nous. Qu’ils croient ce qu’ils veulent. Les vieux, les jeunes intelligents (parce qu’il y en a) les vrais, les nostalgiques, sont là pour profiter. Ensemble.
Les canaux généraux de discussions, tristement, n’ont que peu évolués.
A l’époque, ils étaient floods par des adultes à moitié abrutis. Aujourd’hui, il l’est plutôt par des jeunes (souvent tout aussi abrutis).
Ces chans ont toujours été le no man’s land, et du respect, et de la langue française, lol.
Un coup de mute et on en parle plus.
Idem, personne ne nous oblige à lire.
Je suis dans une guilde, sur un serveur francophone, qui est majoritairement peuplée par des trentenaires, et c’est vraiment cool. Vraiment très cool.
J’ai d’ailleurs, aujourd’hui comme a l’époque, rencontré des gens absolument formidables (p’tite dédicace à Patros et Northan, en passant).
Retourner en Azeroth version 1.0 a vraiment été un réel plaisir.
(J’ai, comme toi, énormément joué à wow-BC-LK puis ai fait les extension suivantes par principe, sans vraiment accrocher. J’ai arrêté à la toute fin de légion.)
Ce que je trouve dommage aujourd’hui, en revanche, c’est cette culture incéssante du BIS.
Littéralement « Best In Slot », le nom qu’on donne aux items que nous *devons* porter, guidés aujourd’hui par l’optimisation à l’extrême, factuelle et chiffrée.
Plus de place à l’impro.
L’optimisation excessive guide le jeu vidéo en général, de nos jours.
Et sur vanilla, ça fait perdre un peu de magie.
Le contrecoup direct (et positif, pour le coup), c’est que, sur un groupe 40, ça facilite grandement la progression dans les raids, et ça nous donne l’occasion d’avancer dans le pve hl, bien plus qu’à l’époque.
Et ça tombe bien : c’est ce que, ma femme (rencontrée sur wow) et moi sommes venus chercher sur classic.
Alors nous jouons, nous profitons, nous avançons, le tout avec des gens que nous apprécions.
Comble du comble ? Nous nous sommes dit, avec mes nouveaux amis de classic, que parallèlement à l’aventure vanilla, nous monterons des personnages sur retail pour profiter des mythiques + (donjon à 5 à la difficulté sans pitié).
Alors, déçu de classic ?
Non.
Pas du tout.
Pour Azeroth,
Pour l’Alliance,
Jensen.
Hello Jensen,
Merci d’avoir pris le temps de partager ta pensée, plaisante à lire, que je trouve intéressante et juste.
En effet, je pense que WoW, c’est comme dans la vie, on en profite en fonction des personnes dont on a choisi de s’entourer.
Je m’efforce de ne pas classer les gens selon leur âge, malgré mes (accablantes) constatations. Je connais de brillants spécimens qu’il aurait été impossible de trouver dans les années 2000 😀
Contrairement à toi, mon expérience a été si mauvaise que je n’ai plus l’énergie ni l’envie. Mais je suis heureuse de lire que certains, comme toi, enjoy vraiment beaucoup.
Bises de la Horde (même si dorénavant blindée de furoncles)
PS : mon homme joue depuis quelques moi côté Alliance, sur un serveur Pacifique, et apparemment, beaucoup moins de garbage que dans la horde !
Bonsoir,
je viens de lire ton article, ainsi que les commentaires qui y sont associés. Je trouve vos deux points de vue intéressants, et vos analyses pertinentes. J’aimerais, si vous le voulez bien, vous donner mon ressenti sur Classic.
J’ai commencé à jouer à Wow à l’âge de 15 ans. Je suis en enfant des années 90 (je suis né en 1991 exactement), j’ai donc connu l’avènement d’internet et des jeux en ligne. Comme vous, je garde de très bons souvenirs de mon premier MMORPG. C’était l’inconnu, l’aventure, le moyen de rencontrer des gens de tous horizons, de jouer virtuellement avec mes amis de l’époque. Bref, c’était le temps de l’insouciance… Je me foutais royalement de raider, je n’avais même pas vraiment compris le concept à l’époque. Je bavais simplement sur l’équipement des joueurs « expérimentés » que j’inspectais à Forgefer et Hurlevent. Tout restait à découvrir et personne ne connaissait réellement les tenants et les aboutissants de Vanilla, c’est ce qui me plaisait. Je laissais libre cours à mon imagination.
Aujourd’hui, 15 annés plus tard, c’est une toute autre histoire. Optimisation, boosting, WTS, WTB, soft reserve, hard reserve. Chacun y va de sa condition. On optimise tout, on court après les 1st. World first lvl. 60, speedrun, on n’a pas de temps à perdre. Tu ne connais pas le jeu aussi bien que moi? Tu es un « trash ». Tu n’as pas le temps de farmer assez en P1? Casual gamer. Bref, on a l’impression que tous les maux de notre société ont infesté le jeu. Et comme tu l’as bien dit, ça sent le mal être et l’insécurité.
Le streaming est un des principaux catalyseurs de ce mauvais état d’esprit. Les jeunes d’aujourd’hui passent plus de temps à regarder d’autres personnes jouer qu’à jouer eux-mêmes. Ils copient les moindres faits et gestes de leurs idoles car ils ne savent pas faire leurs propres choix, par insécurité et manque de confiance… Les streamers influenceurs mènent la danse et définissent les normes que tout bon joueur doit suivre pour être « in ». (ce qui est bien, ce qui est mal, etc…) On n’a donc plus aucun choix délibéré, dans un jeu où la liberté d’action est quasi sans limites… Quel gâchis !
Comment sais-je cela ? Tout simplement parce que moi aussi, j’ai fait partie de ces suiveurs. Je suis perdu depuis quelques années, je ne suis pas forcément bien dans ma peau, j’ai un lot de galères imposant à mon actif et j’ai une grande colère en moi. Je ne réussis pas forcément à trouver une stabilité dans ma vie, ni même un but à atteindre. Cela me frustre grandement. J’ai donc toujours eu tendance à compenser en me réfugiant dans le virtuel et en tentant de contrôler les choses. Alors quand Classic a été annoncé, je me suis dit que c’était le moyen d’exister un peu. Mon objectif? Faire partie des premiers 60 du serveur Sulfuron (plus gros serveur PvP français, côté Horde, parce que le niveau de jeu est bien plus haut sur ce genre de serveur hein…) J’y suis parvenu. J’ai rushé mon leveling, ai collecté mes BIS pré-raid, monté mes métiers, etc… Je me sentais vraiment important, j’avais réussi à atteindre mon objectif. Je faisais partie intégrante de l’élite . Après un mois et demi de jeu intensif, j’ai cependant commencé à sentir du dégoût. Tout me semblait fade, le jeu était devenu une contrainte. Je me connectais, rentrait dans une routine quotidienne qui m’ennuyait. J’avais énormément d’avance sur le reste des joueurs, qui n’étaient pas 60 pour la plupart. Les gens avec lesquels j’évoluais me semblaient superficiels, inintéressants, arrogants… Je ne les supportais que parce que nous avions les mêmes objectifs, et qu’ils me permettaient d’y parvenir plus facilement… J’en étais arrivé à ne plus prendre de temps pour jouer avec mes connaissances irl. Et là, j’ai eu un déclic. J’ai compris que j’étais devenu ce que j’avais toujours détesté. J’ai réalisé que je n’étais pas heureux dans ma vie, et que j’avais besoin de trouver du réconfort en ligne, par le biais du streaming ou du gaming. J’ai décidé d’arrêter classic du jour au lendemain, avant la sortie des gros patchs intéressants (maj pvp, honneur…) J’ai mis le jeu de côté pendant plus d’une année, et je me suis focalisé sur ma vie réelle, sans trop de succès d’ailleurs…
Une année plus tard, me revoilà. Je reviens dans le « game » mais je souhaite changer d’environnement. Je pars donc sur un serveur anglais, pour changer, et je me dis que les mentalités seront différentes. Que nenni. Je me retrouve face aux mêmes problématiques. 99% des joueurs paient des services de boosting, le monde extérieur est donc vide. Les gens qui « font le jeu », et par là j’entends les joueurs des grosses guildes et les principaux acteurs de l’économie IG, sont détestables. Ils s’associent aux autres principalement par intérêt, et dénigrent toute attitude allant à l’encontre de leur vision élitiste du jeu. Ils traitent les nouveaux venus comme des moins que rien. Il est très difficile (mais pas impossible) de trouver des gens plombés, désireux de simplement partager de bons moments. Bref, c’est l’horreur. Je me dis que ce jeu que j’aimais tant est devenu merdique. Les mentalités sont mauvaises, et le peu de gens biens ne parvient malheureusement pas a contrebalancer les trop nombreux aspects négatifs amenés par l’élite.
On parle souvent de communauté quand on fait référence à Wow Classic. Je trouve que ce terme n’a plus de sens aujourd’hui. On a plutôt l’impression de faire partie d’un énorme marché financier, où chacun surveille tranquillement ses intérêts et fait fructifier son capital. La valeur de ce capital définit l’importance accordé à l’individu. Tout s’achète, tout se vend, tout est remplaçable.
Il y a quelques mois encore, j’avais l’intention de tenter l’aventure TBC Classic. Je me disais que cela serait un moyen d’aborder cette extension que j’ai tant aimé avec une attitude plus relachée, sans prise de tête. J’ai cependant pris la décision de m’abstenir car je sais d’ores et déjà que l’expérience sera PIRE ENCORE que ce qu’elle est aujourd’hui. Et je n’ai pas envie d’être de nouveau déçu.
Classic est pour moi une grosse déception. Mais c’est un mal pour un bien : j’entame une nouvelle phase de ma vie dans quelques jours, et je compte bien ne pas gâcher cette chance qui m’est donnée en perdant mon temps sur un jeu qui n’est plus que l’ombre de lui même…